logo Al-Watwan

Le premier journal des Comores

Opération Wuambushu I Les premières interventions ont démarré hier à Mayotte

Opération Wuambushu I Les premières interventions ont démarré hier à Mayotte

Société | -   A.S. Kemba

image article une
Des jeunes, à Tsoundzou, par exemple, repoussent, «à coup de pierres», les forces de sécurité déployées, pour s’opposer à toute initiative d’arrestations et d’expulsions des terres où ils sont nés et grandis. Hier, un premier face à face entre jeunes et forces de l’ordre a été vite maîtrisé alors que le premier bateau censé avoir transporté «30 personnes en situation irrégulière» n’a pas pu accoster au port de Mutsamudu, officiellement «en raison des diverses activités relatives au zonage», d’après une note signée et publiée hier par la capitainerie. On apprendra en fin d’aprés-midi que le gouvernement comorien n’a pas autorisé son accostage, selon le ministre de l’Intérieur, Mahmoud Fakridine.

 

L’opération Wuambushu a bel et bien démarré dans l’île comorienne de Mayotte. Un important dispositif de sécurité a commencé à sévir dans les localités potentiellement exposées à la grande délinquance, selon la presse locale. Les autorités d’occupation révisent leurs éléments de langage en mettant en avant l’aspect sécuritaire pour justifier l’opération dénoncée par le gouvernement comorien, des mouvements associatifs, des groupements politiques, des associations de défense des droits humains aux Comores et en France.

La lutte contre la délinquance et l’habitat insalubre

Les autorités sur place parlent désormais d’une opération de restauration de l’ordre public ayant comme objectif d’assurer la sécurité des habitants de Mayotte terrorisés au quotidien par « plusieurs bandes» bien implantées dans de nombreuses localités. «On est là pour que les gens circulent librement. On est là pour apporter la sécurité aux Mahorais. On est là pour que tous les jours on puisse travailler normalement, pour que l’on reprenne une vie normale», a clarifié le préfet de Mayotte, Thierry Suquer, au cours d’un point de presse organisé en milieu d’après-midi. «L’objectif, c’est l’éradication de l’habitat insalubre, plus de bidonvilles à Mayotte. (…). On mettre a œuvre des politiques de démolitions avec des propositions d’hébergement des personnes qui y vivent», a-t-il ajouté.Hier, un premier face à face entre jeunes et forces de l’ordre a été vite maîtrisé alors que le premier bateau censé avoir transporté «30 personnes en situation irrégulière» n’a pas pu accoster au port de Mutsamudu officiellement «en raison des diverses activités relatives au zonage», d’après une note signée et publiée hier par la capitainerie. Les autorités comoriennes avaient fait savoir qu’elles n’allaient pas accepter «les refoulés de Mayotte».
 Le chef de l’Etat, Azali Assoumani, a appelé la France au dialogue. 

Des heurts à Tsoundzou

Dimanche 23 avril, des forces de l’ordre ont été déployées à Tsoundzou dans l’agglomération de Mamoudzou pour disperser une manifestation programmée dans la localité. Un habitant de Tsoundzou, contacté par Al-watwan, confirme le projet de manifestation et affirme que des heurts d’une bonne trentaine de minutes ont eu lieu dans la journée du dimanche 23 avril sans blessés majeurs.Le témoin sur place confirme «le début» de l’opération Wuambushu sur l’île comorienne de Mayotte. «Les gens ont peur ici. Il y a certes des jeunes excités et qui veulent en découdre avec les forces qui les excitent. On note des provocations de part et d’autre», a-t-il souligné via la messagerie WhatsApp. «Les gens vivent dans la peur. On risque de vivre des jours voire des semaines éprouvantes», a ajouté notre interlocuteur. Peu avant, nos confrères de BFM TV avaient annoncé l’imminence de l’opération. «Mayotte: l’opération d’expulsion de migrants, baptisée «Wuambushu», serait imminente», a écrit la chaîne info en fin d’après-midi.

L’inquiétude plane dans certaines localités

L’armada de policiers et de gendarmes, déployé sur place, n’a pas encore montré ses muscles. Mais, des informations concordantes indiquent «une première grande intervention» sur les lieux ciblés ce lundi 24 avril. On compte environ 1800 agents des forces de sécurité mobilisés pendant deux mois pour raser les bidonvilles et procéder à des arrestations des personnes «en situation irrégulière» dans l’île occupée, selon de nombreuses sources. «Les premières démolitions de bidonvilles devraient démarrer mardi, notamment à Koungou, la deuxième commune la plus peuplée de l’île avec également de nombreux bidonvilles», d’après nos confrères de Mayotte La 1ère.L’opération consiste à lutter contre «le phénomène d’insécurité» qui gangrène l’île et à expulser «plus de 10.000 personnes n’ayant pas un titre de séjour ou un laisser-passer », selon de nombreux medias.


Le ministre français Gérald Darmanin a, pour la première fois, confirmé l’opération sans livrer de détails, évoquant, dans la presse française, «quatre escadrons de gendarmes mobiles, des policiers de la CRS-8, spécialistes de la lutte contre les violences urbaines, au total 510 membres des forces de l’ordre».Le gouvernement comorien a exprimé son opposition à cette opération et a appelé le gouvernement français au dialogue. Les autorités comoriennes ont clairement fait savoir qu’elles n’allaient pas accepter d’accueillir «les refoulés» non seulement car ils se trouvent chez eux à Mayotte. Mais surtout parce que «la situation actuelle est la conséquence de la politique d’exclusion menée contre les jeunes nés à Mayotte ces vingt dernières années».Jusqu’à hier, à 20h, un calme relatif régnait à Tsoundzou. Mais l’inquiétude plane encore dans les localités ciblées par le plan de démolition des habitats insalubres.Après Tsoundzou, la ville de Koungou pourrait être la prochaine cible des forces de sécurité, selon la presse mahoraise avec «l’expulsion de 85 personnes en situation irrégulière».

Commentaires