Réunis hier jeudi au restaurant Le Select à Moroni, des membres du Front commun élargi des forces vives comoriennes ont tenu une conférence de presse pour faire part de leur inquiétude sur l’opération «Wuambushu », prévue se dérouler le 20 avril prochain sur l’île comorienne de Mayotte. Dans une déclaration signée par le secrétaire exécutif, l’opération est qualifiée de «scandaleuse, xénophobe, raciste et de remplacement de population comme objectif final».
Pour Ahmed Hassane El-Barwane, du parti Juwa, l’opération «Wuambushu» n’est pas tombée du ciel par hasard. En soutenant ce qu’il avance, le secrétaire général du parti Juwa a rappelé le document cadre de partenariat renouvelé, signé entre la France et les Comores le 22 juillet 2019 qui décuple l’aide au dé française au développement des Comores en la portant à 150 millions d’euros sur 3 ans dans les secteurs de la santé, de l’Education, de l’Emploi et de l’Insertion professionnelle des jeunes.
Signée par les ministres des Affaires étrangères de l’époque, Mohamed El-Amine Souef et Jean Yves Le Drian, Ahmed Hassane El-Barwane estime que cette convention a entrainé «une dépossession d’une partie importante du territoire national », selon le communiqué. «Elle n’a pas obtenu ni la ratification parlementaire, ni un référendum populaire», en s’insurgeant contre ce qui s’est passé, Ahmed Hassane El-Barwane a ajouté : «notre archipel étant un et indivisible ne saurait faire l’objet d’aucune convention marchande peu importe le montant et encore moins pour la modique somme de 150 millions d’euros».
Renoncer à cette convention
De son côté, l’ancien bâtonnier de l’Ordre des avocats, Ali Ibrahim Mzimba pense qu’il n’est pas encore trop tard et qu’il existerait un moyen de stopper net cette opération. «La seule manière, aujourd’hui de minimiser et de rendre inopérante l’opération Wuambushu, c’est de demander sa renonciation. Il faut que le gouvernement dénonce de manière unilatérale cette convention», a-t-il suggéré. Devant la presse, l’ancien bâtonnier a précisé que tout ce que la France est en train de faire aujourd’hui, c’est sur la base d’une autorisation légale de l’Etat comorien. «Raison pour laquelle, il est nécessaire pour le président et son gouvernement de porter un coup d’arrêt à l’application de cette convention, car c’est cette convention qui a prévu les grands mécanismes de l’opération Wuambushu».
En étayant son argumentation, l’ancien bâtonnier a rappelé que la France en sa qualité de puissance, n’agit jamais en dehors d’un cadre légal. «Ce que les membres du gouvernement devraient faire, c’est de faire en sorte d’enlever le cadre légal constitué par la signature de cette convention. Le président et son gouvernement doivent impérativement suspendre l’application de cette convention, qui est la conséquence directe de l’opération Wuambushu».
Outré par la passivité supposée du gouvernement face à cette question, des membres du front commun n’ont pas hésité une seule seconde à demander la démission des personnes qui composent le gouvernement. «Le gouvernement a failli à sa mission qui est celle de protéger les intérêts de la Nation et des concitoyens. Il doit se démettre de toutes responsabilités de l’Etat et préalablement à sa démission, le gouvernement doit unilatéralement dénoncer, rendre inopérante et caduque cette convention».