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Opération Wuambushu-Me Saïd Mohamed Saïd Hassane I «Nous demandons à la Scp de respecter ses propres engagements»

Opération Wuambushu-Me Saïd Mohamed Saïd Hassane I «Nous demandons à la Scp de respecter ses propres engagements»

Société | -   Ahmed Zaidou

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Me Saïd Mohamed Saïd Hassane, un des avocats des associations ayant assigné en justice la Maria Galanta et la Société comorienne des ports (Scp) est de passage à Ndzuani. Il a accordé une interview exclusive à Al Watwan dans laquelle il revient sur l’opération Wuambushu en cours dans l’île comorienne de Mayotte.

 

Pourquoi le renvoi de l’audience de référé au 4 juillet ?

 Je suis un peu déçu du renvoi. Il faut savoir que nous avons que les mercredis et les samedis pour les audiences en référé. C’est la fête de l’Aïd, qui a fait que l’audience est renvoyée au 4 juillet prochain. Aussi, il y a eu des conclusions de la Scp et des réquisitoires du parquet. Nous avons répliqué avec des conclusions. De plus, la Scp a souhaité, ce qui est normal, pouvoir prendre connaissance de nos conclusions et naturellement y répondre. 

D’ici là, est ce que l’opération Wuambushu n’aura pas pris fin à Mayotte ? 

Grâce aux actions menées par les Ongs et soutenues par les avocats, cette opération Wuambushu, qui est une opération de la honte, n’a pas pu avoir l’effet escompté et les résultats attendus. Elle a aussi été retardée. Malheureusement, les décasages et les renvois se poursuivent, mais pas au rythme qu’aurait voulu le gouvernement français. Nous déployons tous les moyens juridiques possibles pour mettre fin à cette opération inhumaine.

Les attentes de la partie civile ?
Les autorités comoriennes ont posé deux conditions pour le départ des Comoriens à Mayotte. : avoir une pièce d’identité. Le gouvernement comorien s’est bien inspiré parce qu’il faut être sûr que ces personnes déplacées sont bien Comoriens. Et la deuxième condition : être volontaire au départ. Le gouvernement comorien s’est conformé au droit comorien qui martèle la liberté de circulation dans l’ensemble du territoire national, y compris donc à Mayotte.

La Société comorienne des ports (Scp) a, par ailleurs, communiqué pour rappeler ces deux conditions. Or, dans la réalité, elles ne sont ni respectées par la Scp ni par la Société générale de transport maritime (Sgtm). Nous demandons à la Scp de respecter ses propres engagements. Le non-respect de ces conditions par la Scp et la Sgtm fait qu’elles commettent des infractions et se rendent complices des crimes commis par les autorités françaises à Mayotte. 

C’est une occasion unique et historique pour la justice comorienne de réaffirmer que Mayotte est comorienne. Et que les Comoriens sont bien chez eux à Mayotte et que les seuls étrangers à Mayotte sont les Français. Au niveau de la Cour pénale internationale (Cpi), nous espérons que les actions qui sont menées à Mayotte, qui sont des crimes contre l’humanité, par les autorités françaises cessent. Ce sont des scènes de déportation d’enfants, des déportations ciblées par ses origines, des séparations illégales d’enfants de leurs parents, pour ne citer que ceux-là. La France n’assume pas ses responsabilités à Mayotte.

En quoi la France n’assume pas ses responsabilités ?

Il y a 20 ans, la France a éloigné les parents des enfants de Mayotte. En gardant ces enfants-là, la France avait la responsabilité de les éduquer. Elle ne s’en est pas occupée. Ces enfants ont grandi dans la rue, ils n’ont jamais mis les pieds à l’école ni suivre un enseignement coranique. L’école coranique est une base structurante de notre identité. La France allègue que la délinquance a Mayotte vient de ces jeunes-là.

Cette délinquance est commise non seulement par ces jeunes dans cette situation, mais aussi par des Mahorais. La France cherche à envoyer ces jeunes dans les autres îles. En réalité, il les envoie à Ndzuani, une île sous tension. La France déplace le problème qu’elle n’a pas su gérer à Mayotte vers Ndzuani. Elle vient créer, la peur et l’insécurité dans l’île et briser la quiétude de la population à Ndzuani.

Quelles sont les actions en cours contre l’opération Wuambushu ?

Le Conseil représentatif des associations noires (Cran) a déposé plainte auprès de la Cour pénale internationale. L’action a été engagée par deux confrères du barreau de Paris. Nous attendons la position du procureur. Nous avons demandé la délivrance d’un mandat d’arrêt contre le président Emmanuel Macron et contre son ministre de l’Intérieur, Gérald Darmanin.

La France est en train de germer une haine entre les ressortissants comoriens des 4 îles de l’archipel. Nous sommes en train d’examiner d’autres actions judiciaires pour défendre les droits fondamentaux de nos concitoyens. En ce qui concerne l’action en référé, elle est déposée par le comité Maoré, l’Ong Hifadwi, et la Fondation comorienne des droits de l’Homme (Fcdh), ayant pour avocat, des confrères au barreau de La Réunion, de Paris, de Moroni et de Mutsamudu. Nous espérons être tous là le 4 juillet prochain pour défendre les droits fondamentaux des Comoriens.

 

 

 

 

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