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Opération Wuambushu à Mayotte I Silence assourdissant du côté des autorités

Opération Wuambushu à Mayotte I Silence assourdissant du côté des autorités

Société | -

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L’opération, à la fois dangereuse et illégale, vise, selon lui, à «mettre fin à l’immigration illégale et mater les délinquants à la machette» en rasant les «bidonvilles à coups de bulldozers». De nombreuses réactions, aussi bien en France qu’aux Comores, ont eu lieu, mais, pour le moment, du côté des autorités comoriennes, c’est le calme plat. Zéro déclaration, zéro commentaire et zéro réaction officielle et ce, malgré nos multiples demandes.

 

Le mercredi 22 février dernier, Le Canard enchaîné, dans son numéro du jour, nous apprenait l’existence de «l’opération Wuambushu» prévue se dérouler à Mayotte du mois d’avril au mois de juin prochains. Dans les faits, l’opération consiste, selon l’hebdomadaire français, à déployer 500 «gendarmes et flics sur l’île. Ils viendront s’ajouter aux 750 policiers et 600 pandores déjà sur place» avec l’objectif précis de «nettoyer» l’île.Dans son édition d’hier, le journal Le Monde, relayait, à son tour, les détours de cette opération du ministre de l’Intérieur français, Gérald Darmanin qui «a promis à Mayotte une « action spectaculaire » de destruction des bidonvilles et d’expulsion de leurs habitants en situation irrégulière».


L’opération, à la fois dangereuse et illégale, vise, selon lui, à «mettre fin à l’immigration illégale et mater les délinquants à la machette» en rasant les «bidonvilles à coups de bulldozers». De nombreuses réactions, aussi bien en France qu’aux Comores, ont eu lieu, mais, pour le moment, du côté des autorités comoriennes, c’est le calme plat. Zéro déclaration, zéro commentaire et zéro réaction officielle et ce, malgré nos multiples demandes.

Zéro déclaration, zéro commentaire et zéro réaction officielle

En effet, le ministre des Affaires étrangères, le porte-parole du gouvernement, le conseiller diplomatique du chef de l’Etat ou encore le porte-parole de la présidence, tous n’ont pas donné suite à notre demande d’informations. Une situation d’autant plus choquante que l’opération, si elle venait à se réaliser, constituerait un grave précédent avec de multiples conséquences.Face à une telle éventualité, l’ancien journaliste Kamal’Eddine Saindou invite, dans une lettre ouverte adressée au président de la République Azali Assoumani, «d’agir au nom de l’Etat dont vous avez juré de défendre l’intégrité territoriale, la souveraineté nationale et de protéger sa population. […] De relayer la vive préoccupation des Comoriens quant à l’opération de «nettoyage» que préparent les autorités françaises à Mayotte et d’appeler solennellement tous les compatriotes partout où ils se trouvent, à se mobiliser pour dénoncer par tous les moyens possibles, ce plan machiavélique». Plus loin, l’intéressé exhorte le chef de l’Etat, qui assure actuellement la présidence de l’Union africaine à «user des pouvoirs que vous confère cette position, pour rappeler la France au respect de la souveraineté comorienne et du droit international et à se conformer à ses engagements internationaux».


De son côté, le Comité Maoré, d’abord à travers son président, Me Youssouf Atiki, parle d’une «opération diamétralement opposée à l’appel lancé par les Nations unies de traduire dans les faits la volonté de rechercher rapidement et activement une solution juste à l’occupation de l’île comorienne de Mayotte. Nous voyons que la France s’oriente vers une autre volonté, celle de l’oppression et de la force, sa mise en œuvre ne peut qu’être qualifiée de crime puisqu’il s’agit, au regard du droit international, de déplacements forcés ». Me Mhoudine Mastaba, secrétaire en charge de la mobilisation internationale au sein du Comité Maoré, estime que «si l’Etat ne dit rien, cela ne nous empêche pas de dénoncer et de mener des actions. On se demande néanmoins s’il s’agit d’un aveu de faiblesse de la part de l’Etat ou s’il nous faut interpréter ce silence comme donnant un caractère légitime à la présence de la France à Mayotte».Dans tous les cas, «nous, Comité Maoré, allons mener des actions sur le plan national et sur le plan international. Il ne s’agit plus d’une opposition entre les Comores et la France, mais d’une opposition entre l’Afrique toute entière et la France».

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