Dans une longue interview accordée à ‘’Révolution permanente’’, une enseignante travaillant dans un lycée et répondant au nom d’Esther évoque les conséquences de l’Opération « Wuambushu », qui doit débuter dans quelques jours à Mayotte. Le média n’hésite pas à parler de « nettoyage » xénophobe anti-comorien». Selon Esther, «les profs sont prévenus par leur hiérarchie qu’il faut s’attendre à ce que certains élèves ‘disparaissent’ des classes». Al-watwan reprend de larges extraits de cette interview.
Quand le média demande à l’enseignante ce qu’il en est du climat actuel à l’approche de l’opération Wuambushu, l’intéressée explique que «ce qu’on voit, c’est toujours plus de contrôles. Les policiers et la Paf (police aux frontières) sont beaucoup plus visibles, même s’ils sont déjà très présents d’habitude. Par exemple, ce week-end, il y avait des barrages de police sur la route pour arrêter les personnes sans papiers. Les arrestations ont déjà commencé à augmenter». Elle ajoute que «certaines personnes ont déjà commencé à s’enfoncer dans la forêt, dans des zones enclavées, pour éviter les contrôles et prévenir l’opération qui va avoir lieu. Il y a déjà des déménagements forcés en prévision des décasages et des expulsions».
Les vacances scolaires empêchent la protection des élèves
Si l’opération en elle-même représente un grave danger, elle l’est encore plus pour des milliers d’élèves qui devront faire face à cette situation. «Officiellement, un élève mineur ne peut pas être expulsé, mais dans la réalité, il y a déjà des abus. Il y a aussi des élèves majeurs pour qui, même s’ils sont scolarisés, ce qui prime, c’est leur majorité et qui peuvent donc être expulsés. J’ai un ami prof dont l’un des élèves s’est fait contrôler récemment, pas loin du lycée, puis expulser. Il y a quand même beaucoup d’élèves majeurs dans nos classes, notamment en Terminale, et ceux-là seront directement concernés par l’opération. Le problème, c’est aussi que l’opération va commencer pendant les vacances scolaires».
Un malheur n’arrivant jamais seul, ce ne sont pas seulement les élèves qui sont concernés, mais également, sans surprise, leurs parents. «Les parents seront évidemment susceptibles d’être arrêtés. Dans le lycée d’à côté, un parent d’élève s’est fait expulser il y a quelques semaines et ce genre de situation, déjà plutôt courant, risque d’exploser avec l’opération.
Les décasages pourraient également toucher des élèves et leur famille. Deux mois avant le bac, il y a donc des élèves qui vont se retrouver sans logement et qui ne pourront plus venir à l’école. Les jours d’examens vont devenir des jours dangereux pour des élèves parce que ce sont des moments où ils vont devoir beaucoup se déplacer et donc multiplier leur chance d’être arrêtés».