Le procureur de la République Mohamed Abdou a annoncé deux chefs d’inculpation retenus contre le cadi de la région de Hambu Inzoudine Mohamed Elhadji alias Aburukana : Offense au chef de l’Etat et incitation au soulèvement contre l’autorité de l’Etat.
L’inculpé se trouve à la Maison d’arrêt de Moroni depuis maintenant trois semaines. Samedi dernier, Inzoudine Mohamed Elhadji avait été entendu par le juge avant d’être reconduit en prison. A en croire toujours le chef du parquet, une demande de remise en liberté provisoire a été déposée par la partie civile. Le procureur dispose, selon le code de procédure pénale, d’un délai de 48h pour donner son avis. Quant au juge d’instruction, il est tenu de rendre sa décision dans les 5 jours suivants la réponse du procureur.
Aburukana pourrait connaître son sort d’ici quelques jours mais sa détention soulève, par contre, des interrogations en raison de son statut de magistrat. En effet, selon l’article 73 de la loi de 2005, portant statut de la magistrature, «tout manquement par un magistrat aux devoirs de son état, à l’honneur, à la délicatesse ou à la dignité, constitue une faute disciplinaire». Et l’article 75 de préciser que les sanctions disciplinaires applicables aux magistrats vont de l’avertissement, jusqu’à la mise à la retraite en passant par la rétrogradation, la révocation, l’abaissement de l’échelon pour ne citer que celles-là.
Mais cette disposition n’a nullement pas fait mention d’arrestation. On ignore si le chef d’inculpation d’incitation au seulement contre l’autorité de l’Etat expliquerait la raison de son arrestation. Plusieurs fois cadi dans de nombreuses régions avant sa nomination au mois d’août 2020, poste qu’il occupe jusqu’à présent, Inzidine Mohamed Elhadji n’est-il pas protégé par la loi régissant le corps des magistrats ? Inzidine Mohamed Elhadji a été arrêté au lendemain de la publication d’une vidéo relayée sur les réseaux sociaux et dans laquelle, il avait demandé la réouverture des mosquées, estimant que «la situation épidémiologique s’est stabilisée».
Si le message avait reçu l’assentiment tacite de certains, la tonalité des propos n’était pas du goût de collègues Ulémas qui avaient demandé « le pardon présidentiel » à l’occasion d’une réception à Beit-Salam. «Nous déplorons ces propos mais nous demandons le pardon présidentiel, et je le dis au nom des Ulémas», avait déclaré le Dr Abdoulhakim Mohamed Chakir, vice-mufti.