La récente libéralisation de l’importation et de la commercialisation du riz aux Comores a suscité de nombreuses réactions au sein de la population. Les avis divergent quant aux impacts potentiels de cette mesure. Pour mieux comprendre les enjeux de cette réforme, nous avons interrogé plusieurs comoriens qui partagent avec nous leurs points de vue. Enseignant à l’université, Mohamed Elhadji défend l’idée que le riz, en tant que produit de première nécessité, soit géré par une société d’État.
Selon lui, une telle gestion garantirait une meilleure réponse aux éventuelles difficultés d’approvisionnement et aux crises financières. «Le secteur privé est motivé par le profit, il peut abandonner le marché à tout moment, ce qui mettrait en péril l’approvisionnement des Comoriens», déclare-t-il. Pour Mohamed Elhadji, la sécurité alimentaire est un enjeu trop important pour être laissée aux aléas du marché.
«Abdourahmane Cheik Ali, ancien directeur de l’Onicor, partage également des réserves quant à la libéralisation du secteur du riz. «La libéralisation du marché du riz pourrait avoir des répercussions négatives sur la société d’État ». Il estime que cette mesure, s’inscrivant dans un contexte de réformes plus générales, pourrait affaiblir davantage une entreprise déjà fragile. Par ailleurs, il met en doute l’efficacité de la concurrence pour faire baisser les prix à la consommation.
Mohamed Houmadi, commerçant, plaide en faveur de la privatisation de la gestion du riz. Selon lui, la libéralisation du marché est une solution efficace pour remédier aux difficultés d’approvisionnement chroniques de la société d’État.
En permettant aux privés d’intervenir également dans le marché du riz, « on pourra non seulement éviter les pénuries récurrentes qui engendrent des tensions sociales, mais aussi favoriser une stabilisation des prix et une meilleure régulation de l’offre».
Said Toihir