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Palais de justice de Moroni I Les avocats entament une grève de 48 heures

Palais de justice de Moroni I Les avocats entament une grève de 48 heures

Société | -   Mariata Moussa

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Le bâtonnier de l’ordre a déclaré que ce cas de Me Idrisse Mzé Mogne illustre un malaise profond qui sévit au palais de justice entre avocats et magistrats. Nous n’allons pas revenir sur le passé, mais l’atmosphère entre ces deux corps est tendue, une solution doit rapidement être trouvée pour l’intérêt des justiciables et l’état de droit

 

Deux jours après que l’avocat, Me Idrisse Mzé Mogne ait été chassé maladroitement de la salle d’audience, le barreau de Moroni a tenu une conférence de presse hier pour informer sur cette situation et manifester son mécontentement.


Cet acte qui a été mal accueilli par le barreau a pour origine, une note du greffier en chef de la Cour d’appel de Moroni qui suspend l’avocat, Me Idrisse Mzé Mogne de toute ses activités au palais de justice, que cela soit à la salle d’audience, dans les chambres en conseil ou dans les cabinets des juges d’instruction.

Une indignation du barreau

Cette décision a été également appuyée par un procès verbal issu d’une réunion des chefs de juridictions qui ont entériné cette mesure. Ce procès-verbal des chefs de juridiction a été adressé au barreau de Moroni, contrairement à la note où le greffier en chef qui s’est érigé en conseil de discipline.
Devant la presse, le bâtonnier de l’Ordre des avocats, Mohamed Abdouloihabi, a fait part de son indignation face à ce genre de comportement. “Aucun juge, encore moins un greffier, n’a le droit ni le pouvoir de se prononcer en matière disciplinaire contre un avocat”.

 

Le défaut de qualité qui émaille cette note du greffier en chef est réconforté “par un excès de zèle”, a-t-on estimé. “Alors qu’il voulait se rendre à la salle d’audience comme n’importe quel citoyen, un juge a chassé notre confrère comme un pestiféré, cela va au-delà de cette note illégale. La note n’a pas mentionné que notre confrère a également perdu ses droits de citoyen, à savoir se rendre à la salle d’audience. Le comportement de ce juge prive au confrère son droit de citoyen. Il n’a même pas réussi à respecter ce qu’ils se sont convenus”, a déploré le bâtonnier.


Au sujet du procès verbal de l’Assemblée générale des chefs de juridiction, le bâtonnier a également ajouté que cette instance n’a pas de fondement légal, aucun texte applicable au pays ne le prévoit. “Nous allons user de toutes les voies légales pour faire annuler ce procès-verbal. Et, en attendant, nous entamons un arrêt de travail de 48 heures qui prend effet à compter d’aujourd’hui. Si jusqu’au samedi, la note n’est pas annulée, nous prendrons d’autres mesures”.


Pour le bâtonnier, cet arrêt de travail de 48 heures ne doit pas être perçu comme “une peine que nous voulons faire endurer nos clients, mais uniquement un moyen pour pouvoir protéger leurs droits car si nous ne pouvons pas exercer notre profession, que va devenir le justiciable”. Au sujet des voies légales pour contester la note du greffier en chef et le procès verbal des chefs de juridictions, le bâtonnier a ajouté que cela a été décidé au cours d’une Assemblée générale extraordinaire, tenue le mercredi 8 juin. Au cours de son intervention à la presse, le bâtonnier a déclaré que “ce cas de Me Idrisse Mzé Mogne illustre un malaise profond qui sévit au palais de justice entre avocats et magistrats. Nous n’allons pas revenir sur le passé, mais l’atmosphère entre ces deux corps est tendue, une solution doit rapidement être trouvée pour l’intérêt des justiciable et l’Etat de droit”.

“Des propos outrageants”

Rappelons que cet énième conflit entre avocats et magistrats est intervenu au cours de l’audience consacrée à l’affaire de la petite Faina, le 23 mai dernier. Lors des plaidoiries des avocats de la famille de la partie civile, Me Idrisse Mzé Mogne a voulu débuter son intervention en faisant référence au Coran.
Le procureur de la République l’a interrompu en lui disant que par ordre du grand cadi, les avocats peuvent se référer à tous les textes qu’ils veulent mais pas au Coran.


Surpris par cette interruption, l’avocat a quitté la salle d’audience. A la sa sortie, les médias sociaux l’ont interviewé sur les raisons qui l’ont poussés à quitter la salle d’audience avant la fin de l’audience, Me Idrisse Mzé Mogne a proféré des propos “outrageuxant à l’endroit du procureur”.

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