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Le DG de l’Aimpsi «L’émergence commence par l’aéroport qui accueille en premier les investisseurs et les touristes»

Le DG de l’Aimpsi «L’émergence commence par l’aéroport qui accueille en premier les investisseurs et les touristes»

Société | -   Mohamed Youssouf

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Le secteur aéroportuaire demeure un des maillons forts pour atteindre l’émergence en 2030. Le directeur de l’aéroport international Moroni prince Saïd Ibrahim (Aimpsi) évoque l’objectif fixé de disposer d’un aéroport certifié à partir de décembre prochain, de l’impact direct de l’arrivée de grandes compagnies, notamment Turkish Airlines, ou encore de la capacité de l’Aimpsi à faire face à l’explosion de l’activité aéroportuaire. Confronté régulièrement à des impayés de la part des compagnies aériennes nationales, Yasser Ali Assoumani trouve également que les billets pour voyager dans les îles sont extrêmement chers et «la responsabilité revient aux compagnies nationales». Entretien.

 


L’actualité immédiate concerne la prochaine apparition dans le ciel comorien de la compagnie Turkish Airlines. Que signifie pour l’Aimpsi l’arrivée d’un tel mastodonte qui desserve plus de 300 destinations dans le monde ?


 Une satisfaction bien évidemment de constater l’arrivée d’une telle compagnie aérienne sur le tarmac de Hahaya. C’est une façon de confirmer que la sécurité et la sûreté aéroportuaires sont d’un niveau très acceptable, dans la mesure où les compagnies d’envergure internationale ne desservent pas une destination avant d’avoir les garanties en termes de sécurité et de sûreté. Elles envoient des techniciens pour s’enquérir de ces exigences avant de poser leur appareil. C’est un moyen d’attraction puissant d’autant plus que les mesures sont prises pour rassurer les compagnies.


Outre la compagnie turque, plusieurs autres grosses cylindrées sont venues ou veulent venir. Pourriez-vous mesurer l’impact direct d’une telle tendance ?


 
Pour accompagner la politique du chef de l’Etat vers 2030, l’émergence commence à l’aéroport avec la venue de plus d’investisseurs et de touristes. Qu’un avion aussi grand que celui de Turkish Airlines se pose à Hahaya se traduit forcement par plus de passagers et une révision à la baisse des tarifs pour les billets internationaux. C’est la loi de l’offre et de la demande car, rien qu’avec l’avènement d’Ethiopian Airlines, la diaspora, premier bénéficiaire de la politique d’ouverture du ciel comorien prônée par Azali Assoumani, trouve des billets à 600, 700 ou 800 euros depuis la France alors qu’avant l’on parlait du double. Les Comoriens désireux de voyager ne seront qu’heureux de constater la réduction des prix des billets d’autant plus que l’Arabie saoudite et l’Afrique du sud ont manifesté leur intérêt pour exploiter le ciel comorien. N’oublions pas le transport aérien inter îles avec les nouvelles compagnies que sont Ylang air, Amani voyage ou encore Vigor qui se préparent.


Devant cette nouvelle donne, diriez-vous que l’Aimpsi est suffisamment outillé en termes d’infrastructures et de personnel qualifié pour être à la hauteur ?


 Le gouvernement comorien a fait les efforts nécessaires et l’aéroport est tout à fait équipé pour faire face à cette soudaine explosion de l’activité aéroportuaire. Une réunion impliquant les compagnies aériennes a eu lieu récemment justement pour relever les difficultés, apporter des solutions et être prêts pour la haute saison. L’aéroport répond présent car l’on cherche à satisfaire aux exigences du chef de l’Etat pour l’émergence. Le maintien et l’entretien des installations se font suffisamment et des formations sont dispensées pour disposer d’un personnel qualifié dans les différents départements. Engagé dans un processus de certification, l’aéroport se doit d’optimiser son matériel, son personnel et sa plateforme.


Avec des compagnies telles que Turkish et Ethiopian, l’on bascule dans une nouvelle dimension avec des gros porteurs…


 Effectivement et comme j’ai eu à le dire, nous avons des services optimisés et des moyens sont mis à disposition pour intervenir dès lors que le besoin se fera sentir. J’ai compris que vous faites allusion à la piste mais en attendant qu’elle soit refaite, vous n’êtes pas sans savoir qu’Ethopian Airlines se pose à Hahaya depuis presqu’un an. Ce sont de gros avions, mais nous offrons des services de qualité. A mon arrivée, l’ancienne aérogare ne fonctionnait plus.  Il a fallu prendre les dispositions et désormais, certains avions peuvent l’exploiter. Nous renouvelons nos infrastructures et entretenons celles existantes.


Vous parliez d’efforts consentis mais peut-on connaitre l’objectif poursuivi dans l’immédiat ?


 Effectivement, si l’on se met à prendre toutes les dispositions visant à améliorer nos services, c’est dans l’optique d’une prochaine certification de notre aéroport. Cet objectif est fixé pour décembre prochain pour qu’aucune assurance ou compagnie n’hésite à venir dans notre aéroport international. Les dirigeants africains s’étaient donné l’objectif de disposer au moins d’un aéroport certifié dans chaque pays en 2017. L’objectif n’a pas été atteint puisque l’on parle de moins de 30% des pays qui ont réussi. On table sur décembre 2018 et on fait tout pour confirmer le respect des obligations relatives à la conception, l’exploitation et l’entretien de l’aérodrome.


A croire que vous ne rencontrez aucun problème…


 Les limites sont essentiellement financières. Quand je suis arrivé, je devais faire face à plusieurs dettes et une gestion incertaine. Une stabilisation s’imposait parce que dans notre combat pour la certification, nous aurons à engager des experts et des bureaux d’études pour nous accompagner.


Et les nombreuses prises de bec avec les compagnies aériennes nationales. Qu’en est-il exactement ?


 Ces prises de bec comme vous dites sont essentiellement liées à des taxes que les compagnies aériennes de droit comorien collectent pour l’Aimpsi, mais qu’au moment de les reverser, elles rechignent. Parfois ces compagnies paient et parfois, elles jugent utiles de nous balader en déplaçant la question à la base, financière, vers le terrain politique. Nous avons signé des protocoles d’accord pour ces taxes qui, par ailleurs, n’atteignent même pas les 5% des charges de ces compagnies. Ces dernières savent que pour opérer et bénéficier des services de l’aéroport, la taxe doit être reversée raison pour laquelle, comme ça se fait partout dans le monde pour des problèmes techniques ou financiers, il nous arrive parfois d’aviser l’aviation civile et de bloquer ces compagnies. Quelques fois, l’opération passe inaperçue mais dès qu’il y a une personnalité qui doit prendre son vol, les compagnies essaient de mettre la pression politiquement.

 


Si les tarifs des billets internationaux sont revus à la baisse, l’on ne peut pas en dire la même chose pour les billets domestiques. Selon vous, la cherté de ces billets incombe à qui ?


 Les compagnies racontent que la taxe aéroportuaire est chère. Je me demande par rapport à quoi au juste puisqu’elles achètent des avions, paient des pilotes et font des révisions techniques. Tout ceci est évidemment très couteux. Je le répète, elles ne reversent pas à l’Aimpsi plus de 5 % de leurs charges. En 2012, cette taxe a été baissée justement pour avoir un impact positif sur les billets. Le billet s’achetait à 27.000 et 30.000 francs comoriens. Aujourd’hui, le billet varie entre 40.000 et 45.000 francs alors que le montant de la taxe demeure le même. Ainsi, il s’agit d’une illusion qui vise l’Aimpsi via des dirigeants politiques afin d’obtenir des exonérations entre autres. C’est plus politique que financier.


Souvent, des passagers sont bloqués à l’aéroport et découvrent que leur vol a été annulé. Cette situation est la conséquence de la mésentente entre les compagnies et l’aéroport sur fond de différends financiers…


 Les compagnies savent à l’avance que leurs vols ne peuvent pas être effectués pour défaut de paiement des prestations. Mais comme je l’ai dit, elles jouent souvent la carte politique et la pression populaire. Pourtant elles peuvent alerter leurs clients à l’avance que pour des raisons d’impayés à l’aéroport, les vols sont annulés. Nos protocoles sont limpides puisqu’ils précisent que sans paiement, les prestations ne peuvent pas continuer. Comment peut-on continuer à offrir des services à Ab aviation qui se trouve avec une dette atteignant les 120 millions ?  Pour Inter’iles air, c’est de l’ordre de 24 millions.

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