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Parcours-Sarata Mahmoud : La première femme à intégrer la police nationale

Parcours-Sarata Mahmoud : La première femme à intégrer la police nationale

Société | -   Abouhariat Said Abdallah

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Commissaire Sarata Mahmoud est la première femme à intégrer la police nationale. Elle confie n’avoir jamais eu à se stresser au travail, ou se rabaisser devant ses collègues hommes, bien qu’elle a dû gommer des souffrances au début, mais pas aujourd’hui. «Maintenant, je veux occuper le poste de directrice de la police nationale, car je le mérite», dit-elle.

 

Sarata Mahmoud est une des commissaires divisionnaires de la police nationale. Cette native de Mohoro ya Mbadjini a obtenu son baccalauréat général au Lycée de Moroni en 1989 avant de s’envoler pour Madagascar où elle fera des études en économie et gestion à Tamatave. A l’Ecole nationale de police à Antsirabe, elle sortira officière de police en 1993. Il n’y avait pas une opération de recrutement cette année-là, Sarata Mahmoud, seule officière sortie de l’école supérieure, a été embauchée, suite à une dérogation spéciale livrée à l’issue d’un Conseil de ministres.
Restant officière de police pendant plusieurs années, l’actuelle commissaire divisionnaire de la Police nationale a occupé plusieurs postes avant de devenir l’adjointe du commandant de la police de l’Air et des Frontières (Paf), poste qu’elle occupera jusqu’en 2002 avant d’être nommée chef personnel de la police de l’île (aux temps du Mdjidjengo). Sarata Mahmoud dirigera successivement la Brigade routière en 1994 puis la police judiciaire de 1996 à 1997 avant d’obtenir une formation de trois mois sur la lutte contre le terrorisme au Caire, en Égypte, la même année.

il y a 28 ans de cela

A son retour, on lui confiera le poste d’adjoint du chef de service de la carte d’identité. Poste qu’elle occupera jusqu’en 2004.
Cette même année, elle partira à Nancy, en France, pour une formation complémentaire en criminologie jusqu’en 2006. A son retour, elle intégrera le corps des commissaires divisionnaires et depuis, son statut n’a pas changé. Chose qu’elle regrette puisque, ceux qui sont venus après elle, ont obtenu des promotions mais pas elle.
Revenant un peu en arrière, Sarata Mahmoud, ne pouvant pas enseigner après son bac, a fait savoir qu’elle était gestionnaire à la prison. «C’est à partir de là, que j’ai commencé à découvrir l’importance de la police et à être intéressée par le métier. J’ai fait un concours et nous devrions être formés par l’Etat. Mais ça n’a pas été fait. Et lorsque je suis partie à Madagascar, j’ai par chance trouvé une école de formation. Comme j’étais toujours intéressée, j’ai suivi la formation», a-t-elle raconté, se rappelant de l’intervention directe du ministre comorien des Affaires étrangères de l’époque pour faciliter son inscription, sachant que les relations diplomatiques entre les Comores et Madagascar étaient embrouillées. «Mon inscription était l’occasion pour les deux pays de renouer les relations bilatérales», dit-elle avant de poursuivre qu’elle a gagné le concours et elle a suivi par la suite la formation des officiers de police judiciaire (Opj).
En 2018, celle qui va marquer l’histoire de la police nationale en étant la première femme policière, a bénéficié d’une autre formation à l’Ena, à Paris, sur l’anticorruption. «Je suis la première femme comorienne à avoir intégré la police. Il y’avait à l’époque une femme secrétaire du directeur, mais elle n’avait pas le statut de policière», a-t-elle précisé.

Marginalisée avant
par ses collègues hommes

Si elle confie n’avoir pas eu du mal à s’intégrer dans cette communauté masculine, la commissaire divisionnaire se rappelle toutefois qu’elle était marginalisée. «A mon arrivée, il y’avait seulement deux officiers de police qui ont bénéficié de formations et ces deux officiers ont été gradés au fil des années, moi non», regrette-elle avant d’ajouter qu’elle n’a jamais eu de stress au travail, se rabaisser devant ses collègues du sexe opposé.
«Je n’ai jamais été avancé comme eux, les officiers hommes venus après moi ont bénéficié des avancements, ils ont des grades. Pour moi, il faut que je fasse des efforts d’abord. Il faut que je suive une formation pour pouvoir bénéficier d’un avancement. J’ai suivi une formation et je suis venue officière, après une autre formation, je suis devenue commissaire. Je n’ai jamais eu une promotion avant que j’effectue des efforts physiques et intellectuels, alors que pour les officiers hommes, c’est différent», déplore Sarata Mahmoud.


Commissaire Sarata a rencontré parfois des contraintes, surtout familiales. Entre la vie professionnelle et la vie familiale, «les choses n’ont pas été faciles», à l’en croire. «Je sortais souvent et je rentrais tard. Ma vie s’est encore compliquée lorsque j’ai eu mon enfant. Dès fois, je l’amenais au travail et j’étais pointé du doigt. Lorsque je le laissais à la maison, c’était encore pire. Mais j’ai résisté. Au travail, c’est surtout le complexe entre homme et femme. Mes collègues hommes n’avalaient pas le fait qu’il y’ait une femme dans leur sphère. Donc, on me considérait comme une secrétaire», renchérit-elle.
C’est vers ces dernières années, lorsqu’il y’a eu d’autres promotions, venues surtout de Libye, que le nombre de femmes a augmenté dans les rangs de la police nationale. «Et j’ai commencé à m’épanouir et à faire le travail des hommes, comme on dit, notamment les enquêtes. Actuellement, nous sommes près de 200 femmes policières», se réjouit-elle.

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