Avant de se livrer à l’exercice proprement dit, il a dit “demander aux comoriens, en particulier les anjouanais, de faire confiance à la justice”, promettant de “faire le nécessaire pour qu’elle soit équitable”.
Saisissant l’occasion de cette première conférence de presse, les journalistes l’ont interrogé sur les suites de l’affaire Roukayat, du nom de cette fillette qui avait disparu puis retrouvée morte quelques jours plus tard en juillet 2016.
Ils ont également souhaité en savoir plus sur celle des présumés fraudeurs d’Electricité d’Anjouan (Eda), en détention préventive depuis près de deux semaines, mais aussi sur les arrestations récentes des présumés coupeurs d’arbres (qui avaient obstrué la route un jour où le chef de l’Etat était attendu dans l’île), ou encore des membres de cette famille de Mutsamudu qui auraient torturé un jeune déficient mental, surpris en pleine nuit dans leur domicile.
Selon le procureur, l’affaire Roukayat est toujours en instruction. Le principal suspect de cet assassinat croupit depuis plus d’un an en prison, en attendant son procès, tout comme les tortionnaires du jeune aliéné mental, dont le corps présente d’énormes cicatrices de brûlures.
Nous attendons un certificat médical, des témoins à entendre… Une information judiciaire est ouverte, les prévenus sont actuellement en prison, a-t-il précisé, au sujet de la deuxième affaire.
Abdallah Amani, reconduit à ses fonctions depuis deux mois après plus d’un an qu’il les avait quittées, et qui affirme vouloir “faire de son mieux pour que cette justice soit la première à incarner l’émergence voulue par le président de la République”, a également été interrogé à propos du respect des procédures judiciaires par les auxiliaires de la justice.
Il a été question de ces rafles nocturnes opérées dans plusieurs localités de l’île par le Peloton d’intervention de la gendarmerie nationale (Pign), contre des supposés jeunes ivrognes ou trafiquants de stupéfiants. Ou encore de ces patrouilles de la police, censées “lutter contre la délinquance juvénile”, mais aussi des informations sur des personnes qui auraient été brutalisées ou détenues arbitrairement. “Jusqu’à présent, je n’ai pas confirmation de ces faits”, s’est-il défendu.
La lettre du procureur aux officiers supérieurs de la gendarmerie de l’île, datée du mardi 27 février, enjoint en effet à ces derniers de “se conformer impérativement aux dispositions du code de procédure pénale, en général, et plus particulièrement en son article 19, pendant l’exercice de leurs fonctions”.
Cet article 19 oblige en effet les officiers de police judiciaires d’”informer sans délai le procureur de la République des crimes, délits et contraventions dont ils ont connaissance”, et “lui faire parvenir directement l’original ainsi qu’une copie certifiée conforme des procès-verbaux qu’ils ont dressés”.
Dans cette missive, le parquetier leur a également rappelé que “les délais des gardes à vue doivent être scrupuleusement respectés”.