logo Al-Watwan

Le premier journal des Comores

Patrimoine historique I La célèbre mosquée Chababi n’échappe pas à la modernité

Patrimoine historique I La célèbre mosquée Chababi n’échappe pas à la modernité

Société | -   Ahmed Zaidou

image article une
La richesse patrimoniale des Comores se métamorphose avec les exigences de la modernité, et aucun édifice emblématique n’échappe à cette évolution, pas même la célèbre mosquée Chababuddine, affectueusement surnommée «Chababi» par les habitants.

 

La mosquée Chababuddine, couramment appelée Chababi, est située au centre de la ville de Mutsamudu, à Ndzuani. Autrefois immortalisée sur l’ancien billet de 500 francs comoriens, elle est depuis trois ans en train de subir une transformation remarquable. Sa reconstruction est un projet qui a mobilisé les énergies et les ressources de la communauté. Sous la direction d’un bureau élu, composé de cinq membres dévoués, cette entreprise ambitieuse vise à restaurer non seulement un édifice, mais aussi un symbole national de foi et de tradition.

«Soutenu par tous»

Mirwadi Abdallah, secrétaire général de la mosquée a été un témoin privilégié de cette transformation. Il nous raconte l’histoire de cette entreprise colossale : «la décision de démolir et reconstruire la mosquée Chababi a été motivée par les dommages causés par le temps et l’usure. Au fil des années, les infiltrations d’eau et les problèmes électriques récurrents ont menacé l’intégrité de notre précieux édifice. C’est alors que les notables de la ville ont pris la décision unanime de lui redonner vie.» Le processus de restauration n’a pas été sans défis. Avec un budget initial de 8,2 millions de francs comoriens, l’équipe a dû faire preuve de créativité et d’ingéniosité pour mener à bien ce projet colossal. Plutôt que de recourir à une entreprise de construction extérieure, ils ont décidé de prendre les choses en main, en mobilisant les compétences locales et les ressources disponibles.

 

Les travaux, qui ont déjà coûté environ 52 millions de francs comoriens, sont en phase finale. Les nouvelles fondations en béton armé et les finitions minutieuses témoignent de l’engagement de la communauté envers ce projet. Malgré quelques retards dus à des facteurs externes, Mirwadi Abdallah reste optimiste quant à une livraison prochaine : «nous visons à achever la mosquée avant la fin de l’année, idéalement pour le mois de mawulid [troisième mois du calendrier musulman, où est né le prophète de l’islam, Muhammad]. Nous voulons moderniser l’édifice tout en préservant son caractère historique.» Disons que le projet n’a pas été exempt de critiques dès son début, notamment de la part de certaines organisations de préservation du patrimoine.


En 2021, au moment de sa démolition, le Centre national de documentation et de recherche scientifique (Cndrs) et le Collectif du patrimoine des Comores (Cpc) s’étaient opposés à cette décision. Mais la communauté aurait fini par exprimer son soutien indéfectible à cette initiative. Mirwadi Abdallah conclut avec fierté : «Aujourd’hui, nous pouvons dire avec certitude que la mosquée Chababi est soutenue par tous à 100 %. Nous sommes reconnaissants envers notre communauté pour son engagement et son soutien financier. La nouvelle mosquée Chababi sera bien plus qu’un simple édifice religieux ; elle sera le symbole de notre capacité à unir nos forces pour préserver notre patrimoine et bâtir un avenir meilleur.»La transformation de la mosquée Chababuddine est en somme un récit de renouveau, où l’ancien côtoie le moderne. Cependant, l’on peut se demander légitimement si cette approche a véritablement permis de préserver l’essence même du patrimoine historique.

Commentaires