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Pauvreté aux Comores : «44.8% de la population» vivent en-dessous du seuil de pauvreté

Pauvreté aux Comores : «44.8% de la population» vivent en-dessous du seuil de pauvreté

Société | -   Abdou Moustoifa

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e enquête sur la pauvreté et les conditions de vie des ménages, réalisée en 2020, par l’institut national de la statistique et des études économiques et démographiques (Inseed), montre également que 12.33% de la population, soit 93 500 personnes, n’arrivent pas à subvenir à leurs besoins nutritionnels minimaux de 2400 kcal, par personne et par jour.

 

Le taux de pauvreté a augmenté aux Comores. C’est en tout cas, ce que révèlent les résultats de la dernière enquête sur la pauvreté et les conditions des ménages, menée en 2020. Placée sous la tutelle du ministère des Finances ; financée à la fois par la Banque mondiale et la Banque africaine de développement, ce travail a été mené par les enquêteurs de l’institut national de la statistique et des études économiques et démographiques (Inseed).

“4 Comoriens sur 10 vivent en dessous du seuil de pauvreté. Pendant qu’1/10ème de la population se trouve dans une pauvreté extrême”, a-t-on précisé dans les conclusions du document, dont Al-watwan s’est procuré une copie.


En gros, ont résumé les enquêteurs de l’Inseed, 44.8% de la population, soit 339.726 personnes vivent en dessous du seuil de pauvreté. Cet indicateur est établi selon les coûts de base. Pour le cas des Comores, il est fixé à 55.993 francs par habitant et par mois.

 

Toujours selon les résultats de cette enquête publiés en mars dernier, il s’avère aussi que 12.33% de la population ne sont pas en mesure de subvenir à leurs besoins nutritionnels minimaux, évalués à 2.400 kcal/ personne et par jour. En 2014, l’enquête auprès des ménages avait montré que 42% de la population vivaient en dessous du seuil de pauvreté. Ce terme désigne le revenu minimal au-dessous duquel une personne est considérée comme pauvre.

La zone rurale plus touchée

En somme, le dénuement prend de l’ampleur au pays. En seulement 6 ans, il a augmenté de 2,8%. A l’époque, l’île de Ndzuani et la zone rurale étaient particulièrement touchées. Une tendance qui n’a pas changé quatre ans plus tard. En effet, les résultats de la récente étude révèlent en termes de répartition, que c’est la zone rurale qui concentre le taux de pauvreté le plus élevé, près de 50.3%. Soulignons que 3 pauvres sur 4 y vivent.

Contrairement au milieu urbain, l’indigence touche seulement 32.8% de la population citadine. Au niveau des îles, la pauvreté est inégalement répartie aussi. A titre d’exemple, les personnes qui vivent en dehors des villes représentent 49.4% de la population anjouanaise contre 43% à Ngazidja. En milieu urbain, en revanche, la pauvreté est moins répandue dans la capitale, Moroni et à Mwali (35.2% et 38.4%). L’autre indice qui mesure les inégalités sur le territoire national, communément appelé coefficient de Gini est de 0.33% aux Comores.

Santé, éducation, hôtellerie …

Cet indicateur synthétique permet d’évaluer le niveau des inégalités pour une variable sur une population donnée. Variant de 0 à 1, il se focalise généralement sur le revenu, la dépense de consommation ainsi que les salaires. Il est égal à zéro, dans une situation où il n’y a pas d’inégalités. A Ndzuani, il est de 0.342 contre 0.270 pour Mwali et 0.314, pour le reste de Ngazidja, excepté Moroni.

 

Quant aux profils des personnes les plus vulnérables, ils ont été recensées selon la taille des ménages, le niveau d’éducation des chefs de ces derniers, ou encore les chocs qu’ils auraient subis. On parle de choc, de tout obstacle. Cela peut-être une maladie, une catastrophe naturelle, qui pourrait impacter négativement le bien-être de la famille. Autrement dit, cela fait d’ailleurs partie des conclusions tirées par les enquêteurs, la pauvreté augmente au sein d’un ménage qui a subi plus de chocs. Elle est par contre moins importante chez les ménages dont les chefs ont un niveau d’éducation élevé.


“Plus la taille de ménage augmente, plus il devient pauvre. Tout comme l’arrivée d’un membre supplémentaire impacte les charges et besoins”, précise-t-on dans le document, en guise d’illustration. Cette enquête de 2020, au cours de laquelle 5.624 ménages avaient été sondés avec succès, nous apprend par ailleurs que 54% des personnes frappées par une catastrophe naturelle sont pauvres.

Et que près des individus vivant dans les ménages, qui ne reçoivent pas de transferts internationaux sont pauvres (49.4%). Ce taux est en baisse chez les citoyens bénéficiant de financements provenant de l’extérieur ou de l’intérieur. Cette catégorie, est touchée à hauteur de 27.5% contre 36% chez les personnes recevant uniquement de l’argent venant de l’extérieur. Entre 2019 et 2020, les fonds envoyés par la diaspora comorienne ont connu une croissance de 32.4%, à en croire le dernier rapport de la Banque centrale des Comores (Bcc).

 

Ces transferts internationaux représentant 25% du Pib en 2020 placent ainsi les Comores en deuxième position derrière l’Érythrée, parmi les pays d’Afrique dépendants des fonds extérieurs. Toutefois, cet apport, ont noté les experts de l’Inseed, dissuaderait les gens restés au pays à travailler et à se concentrer sur la production locale.

 

En ce qui concerne les secteurs d’activité les moins touchés, il ressort que les chefs de ménage travaillant dans l’hôtellerie, la restauration, le transport, l’éducation ou la santé, sont moins pauvres. Pour rappel, l’économie du pays repose sur l’agriculture qui emploie près de 70% de la population active.

 

Le marché de l’emploi lui, est dominé par l’emploi informel (à peu près 80%). “7 pauvres sur 10 travaillent dans l’informel”, détaillent les données de cette même enquête, qui permettra d’instaurer une harmonie entre les différentes enquêtes sur les ménages, réalisées au cours de ces deux dernières décennies.

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