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Pension de retraites à la Sonelec I De l’indignation à l’incompréhension

Pension de retraites à la Sonelec I De l’indignation à l’incompréhension

Société | -   Nazir Nazi

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Quatre ans après la signature d’un protocole entre l’ex Ma-mwe et la Caisse de retraite, rien n’est encore effectif. Le versement des cinq millions de francs pour la retraite des agents de la société et des huit cents mille francs pour les arriérés semble tombé à l’eau. Pourquoi ?

 

Les retraités de la Société nationale de l’électricité des Comores (Sonelec) ne cessent de s’indigner contre les difficultés rencontrées au moment de percevoir leurs pensions mensuelles. En décembre dernier, huit agents sont partis à la retraite après avoir constaté des prélèvements, des années durant, sur leurs bulletins de salaire à chaque fin du mois.


Alors que la société d’Etat peine à régulariser sa situation auprès de la caisse de retraites des Comores. Bien que les salariés en activité constatent le prélèvement de leur cotisation pour payer les pensions de retraite de leurs anciens collègues, actuels retraités. En contrepartie, ils bénéficient des droits à une pension de vieillesse.


Hassani Andili, ancien agent de l’ex Ma-mwe et actuel retraité, reste ébahi du fait que vingt ans sont passés sans la moindre cotisation pendant les trente-huit ans d’activité. Pourtant, il lisait des prélèvements dans chaque bulletin de salaire durant toutes ces années. «Je mène un combat depuis quatre mois pour que je touche mon droit. On risque de passer apparemment une année sans toucher la pension.

 

Selon mes bulletins de salaires, j’ai déjà payé cette pension durant toute ma carrière alors que je compte déjà quatre mois sans rien toucher «, regrette-t-il. Alors comment est-il possible d’en arriver là ?L’agent comptable de la caisse de retraites des Comores, Moindjié Mohamed Ibrahim, apporte à visage découvert certains éléments de réponses. Selon lui, le système de bancarisation n’en est plus la cause de ces problèmes de paiements au profit des retraités.


A l’entendre, tout retard constaté serait dû à un problème de versement des fonds à la caisse de retraite. «Notre système de retraites est un système de solidarité intergénérationnelle. C’est-à-dire, les actifs d’aujourd’hui cotisent pour les actifs d’hier (les retraités d’aujourd’hui. Dès qu’il y a un retard de cotisation, un retard de paiement est par conséquent constaté par les retraités», indique-t-il.

Un encours de plus d’un milliard

Du coup, il affirme qu’aujourd’hui, la Sonelec accuse des retards de paiement. Il précise que la caisse de retraite ne fonctionne pas à partir de subvention, mais à partir d’une cotisation mensuelle. Il précise que les sociétés d’Etat et les entreprises privées, qui assurent la collecte des fonds en retenant l’impôt général sur le revenu (Igr) pour le verser à la caisse de retraite, ne versent pas du tout ou régulièrement à la caisse.

«Depuis 1995 au jour d’aujourd’hui, l’encours de l’ex Ma-mwe est estimé à plus de 400 millions de francs. Pourtant, la retraite est une solidarité intergénérationnelle. L’Igr prélevé des actifs d’aujourd’hui n’est pas placé dans un compte pour les attendre. Les cotisations des actifs d’aujourd’hui paient les retraités d’aujourd’hui», clarifie-t-il.


Pour le cas de la Sonelec, l’agent comptable rappelle que certains patrons reprennent les cotisations et délaissent le processus au fur et à mesure. «Aucun versement n’a été effectué en 2021. Malgré la dette, les actuels retraités pourraient toucher leurs pensions si les prélèvements effectués sur les salaires des agents actifs actuels ont été versés à la caisse. Comment pouvons-nous payer des retraités de la Sonelec alors que les actifs d’hier et d’aujourd’hui ne contribuent plus», s’interroge-t-il. Où vont alors les cotisations versées par les agents actifs qui permettent de financer les pensions des actuels retraités ? Va-t-on vers un abus de biens sociaux ?

Abus de biens sociaux

Interrogé sur ces problèmes que rencontrent les retraités de son établissement, l’actuel directeur général de la société d’Etat, Soilihi Mohamed Djounaid, reconnait les problèmes précités bien qu’il évoque la somme de 65 millions de francs versée.«Nous avons versé cette somme et avons décidé de continuer à verser les pensions des agents. Faute de moyens, nous n’avons pas pu continuer le processus. Il nous est pénible de payer les impôts, verser des fonds à la caisse de prévoyance et à la caisse de retraite», regrette-t-il. Les bulletins de salaire mentionnent des prélèvements à chaque fin du mois. C’est quoi, au fait, le problème des retraites ?


Soilihi Mohamed Djounaid confirme ainsi que ces prélèvements ne sont autre que des écritures enregistrées dans la comptabilité de la Sonelec à cause d’une tension de trésorerie accrue. Cette dernière, poursuit-il, déstabilise l’équilibre des comptes de la société.


«Le système de production est très coûteux au point qu’il ne nous favorise plus de redynamiser les comptes. Nous vendons à perte, avec des entretiens énormes de nos centrales. L’achat du gasoil consomme 70% de nos recettes, sans compter les fraudes internes et externes. D’où, l’importance de hiérarchiser les problèmes financiers», s’explique-t-il. A ce rythme, quel avenir pour les agents actifs actuels et retraités de demain de la Sonelec ?

 

Des impayés reguliers

Selon la caisse de retraites, la dette de plusieurs sociétés d’Etat auprès de la Caisse de retraites des Comores avoisine pus d’un milliard de francs comoriens. Il s’agit de l’Ex Ma-mwe, Com’air assistance, Aimpsi, Anrtic… Par contre, la société nationale des télécommunications et la société comorienne des hydrocarbures (Sch) sont à jour à la caisse de retraites.

Un protocole entre l’Ex-Ma-mwe et la caisse de retraite,

Les patrons de l’ex-société comorienne de l’eau et de l’électricité (Ma-mwe) et de la caisse des retraites des Comores ont procédé, mardi 15 mars 2017 à la signature d’un protocole pour les pensions des retraités de la Ma-mwe. Il s’agit d’un accord qui permet à la caisse des retraites de liquider les pensions des agents retraités de la société publique pourvu que sa direction apure ses arriérés qui sont actuellement de l’ordre de 340 millions de francs en 2017.

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