logo Al-Watwan

Le premier journal des Comores

Pollution numérique : les déchets électroniques, un fléau silencieux ignoré aux Comores

Pollution numérique : les déchets électroniques, un fléau silencieux ignoré aux Comores

Société | -   Nakib Issa

image article une
Abandonnés dans la nature, les déchets électroniques se multiplient aux Comores, menaçant l’environnement et la santé. Sans politique de gestion, ce fléau silencieux reste largement ignoré par les autorités.

 


Téléphones, téléviseurs, ordinateurs, lampes ou encore jouets électroniques… Ces objets qui facilitent le quotidien finissent de plus en plus leur course dans la nature comorienne, livrés à eux-mêmes. Pourtant, leur impact sur l’environnement, la santé humaine et même l’alimentation est alarmant. Invisibles dans les discours officiels, les déchets électroniques représentent pourtant une menace insidieuse qui ne cesse de croître. «Ces déchets présentent un risque grave pour l’environnement en raison de leur composition en substances toxiques. Mal gérés, par incinération ou enfouissement par exemple, ils peuvent polluer les sols, l’air et l’eau, et affecter la santé humaine comme celle des écosystèmes», alerte Abdallah Hamada, coordinateur du projet Ngo’Shawo, engagé dans la protection de l’environnement. Aux Comores, deux catégories principales de déchets électroniques sont identifiées : les gros électroménagers comme les réfrigérateurs et les lave-linges, et les petits appareils, plus présents, tels que les téléphones portables, les ordinateurs, les écrans de télévision ou les jouets électroniques. Tous contiennent des composants chimiques susceptibles de provoquer, à terme, des démangeaisons par inhalation, des affections respiratoires ou même des cancers de la peau. «La politique de gestion de ces produits est quasiment inexistante. Même en termes de sensibilisation, c’est bien moindre que ce qui est fait pour les autres déchets», regrette Abdallah Hamada.


Et pourtant, ces rebuts de la technologie, abandonnés dans la nature, se désagrègent lentement, en infiltrant le sol, en atteignant les nappes phréatiques, voire la mer, et en menaçant les chaînes alimentaires.Pour le coordinateur de Ngo’Shawo, il est temps de changer de paradigme. «Il faut encourager la population à consommer des produits durables, réparables, éco-conçus, et privilégier la qualité sur la quantité. Il est aussi nécessaire de mettre en place un système de tri sélectif adapté aux équipements électriques et électroniques, avec une collecte dédiée», suggère-t-il.
Abdallah Hamada appelle à une politique nationale de gestion des déchets électroniques, fondée sur la prévention, le recyclage et la réutilisation. Selon lui, la création d’une société spécialisée dans le traitement de ces déchets pourrait apporter une réponse concrète à cette urgence environnementale encore largement ignorée.

Commentaires