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Polémique autour d’un cas suspect de Covid-19 I La justice ordonne l’arrestation de Youssoufa Karani de Samba Kuni

Polémique autour d’un cas suspect de Covid-19 I La justice ordonne l’arrestation de Youssoufa Karani de Samba Kuni

Société | -   Abouhariat Said Abdallah

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«J’ai demandé aux services de la gendarmerie de rechercher et d’arrêter ce jeune suite à la psychose sur le cas suspect de Coronavirus. C’était du pipeau», a indiqué hier soir au téléphone le procureur de la République, Mohamed Abdou. Le jeune homme a présenté ses excuses dans une deuxième vidéo relayée sur les réseaux sociaux.

 

Le parquet de la République a ordonné hier la recherche et l’arrestation du jeune Youssoufa Karani, originaire de Samba Kuni «à l’origine de la psychose», selon le procureur «sur le cas suspect de Coronavirus». Le magistrat, a fait savoir, d’un ton ferme, que cette décision d’arrêter le jeune est prise après des échanges avec les services sanitaires du pays. «J’ai discuté avec les responsables des services sanitaires. Et il s’avère que c’est du pipeau, c’est du n’importe quoi. Il n’y a aucun cas suspect. On ne doit pas tolérer de tels comportements de mettre toute une population dans la psychose», a souligné le procureur de la République, ajoutant n’avoir pas eu connaissance (à 20h) si le jeune était arrêté ou pas.


Dans une vidéo postée hier en début de soirée, Youssoufa Karani avait fait état «d’une personne suspecte de coronavirus» et dont des jeunes de Samba Kuni s’étaient fermement opposés à son admission à l’hôpital sis dans la localité. La panique avait gagné une bonne partie de la population. Le jeune homme a présenté hier ses excuses dans une deuxième vidéo relayée sur les réseaux sociaux. Le cas «suspect» en question, relayé à tort sur les réseaux sociaux, n’est autre qu’un jeune comorien de nationalité française se trouvant actuellement au pays depuis 12 jours. Il souffrait d’une grippe et de la fièvre. Selon son cousin Faissoili Hassani, le jeune s’est rendu aux urgences de l’hôpital El-Maarouf, le dimanche vers 9h du matin. L’infirmier lui a pris ses paramètres, à savoir sa température, son poids. Selon toujours son cousin, jusque là, il ne s’est rien passé. Mais dès qu’il a «appris qu’il vient de France, il a commencé à lui poser des questions pour savoir s’il tousse, s’il éternue ou a la diarrhée, après il ait eu toutes ses réponses et sans lui faire d’examen sanguin, lui a tout de suite annoncé qu’il porte le coronavirus».

Un comité multisectoriel chargé de la prévention

Suite à cette annonce, l’infirmier a exigé au patient d’attendre sur un banc dans les couloirs des urgences. L’attente aurait duré 30 mn, et le jeune homme aurait alors exigé qu’on le mette en quarantaine car s’il s’avérait que c’est vrai il souffrait du covid-19, là il exposait les autres au danger. Mais à sa grande surprise, l’infirmier lui a autorisé à partir. «Nous sommes rentrés à la maison et c’est vers 19h que nous avons vu le préfet accompagné de deux infirmiers qui portaient des combinaisons de protection venus demander mon cousin. Et malgré le fait que nous leur avons expliqué que nous étions tous exposés si la maladie venait à être confirmée, ils ont refusé de nous amener avec lui. Un autre frère a réussi à partir avec lui et on leur a amené l’hôpital à Samba Nkuni», raconte le cousin. Selon toujours le récit du cousin, arrivé à Samba Nkuni, l’attente sur un banc dans le couloir était aussi d’une bonne vingtaine de minutes.


Dans l’attente, deux autres agents de santé dont un laborantin sont venus lui demander d’entrer dans une chambre pour lui faire les prélèvements. «C’est à ce moment-là que là nous avons vu venir les riverains de Samba Kuni avec des armes blanches pour interdire l’entrée du malade à l’hôpital avec des menaces. Nous avons réussi à le faire fuir, et nous sommes rentrés à la maison. Après être confronté à ce déferlement de violence, ce jeune franco-comorien a pris «l’avion hier pour retourner là ou il était et a juré ne plus mettre ses pieds au pays», a confié son cousin.


Pour autant, nombreux sont ceux qui s’interrogent sur l’origine de cette panique qui a gagné toute une population en 24 heures, pointant du doigt «un déficit de communication» de la part des services compétents. Le gouvernement a pourtant mis en place un comité multisectoriel chargé de la prévention de l’épidémie qui touche près de 100 pays et territoires. Certains soulignent à tort ou à raison «une négligence manifeste» dans la chaine de surveillance des cas potentiels de Coronavirus.
Deux étudiants en provenance de Chine avaient échappé, il y a quelques jours, au dispositif de contrôle mis en place à l’aéroport. Il a fallu que l’information soit divulguée sur les réseaux sociaux pour que le ministère de la Santé sorte du silence pour expliquer, à travers un communiqué sur sa page officiel de Facebook, que ces deux étudiants avaient passé plus de deux semaines en Malaisie avant de regagner le pays. Al-watwan a tenté, sans succès, de joindre le secrétaire général du ministère de la santé et le directeur général de la santé.

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