C’est une victoire pour les ulémas et les religieux qui, depuis quelques jours, dénoncent un programme non adapté. Le ministère de l’Éducation nationale a accepté de suspendre les chapitres de reproduction humaine qui étaient dispensés aux élèves de CM1 et CM2. La promesse a été faite avant-hier par le ministre lui-même, Takkidine Youssouf, qui recevait l’intersyndicale des agents de l’éducation et un collectif composé de prédicateurs et d’ulémas. A l’ordre du jour, le livre des sciences naturelles proposé depuis des années par le même ministère de l’Éducation.
Celui-ci fait l’objet d’une polémique à cause de la présence d’images des organes génitaux. Ces photos sont censées aider l’enseignant à mieux expliquer le cours pédagogique de reproduction humaine. Alors que le débat tournait en boucle dans les groupes WhatsApp, le cadi de République a été le premier dignitaire à hausser le ton publiquement. Dimanche dernier, dans le mawulid (célébration de la naissance du prophète Muhammad) de Ntsudjini, en présence du chef de l’État, Azali Assoumani, le cadi, Mohamed Saïd Athoumani, a demandé le retrait des livres, dénonçant des manuels qui montrent des préservatifs à des enfants de huit à neuf ans. «Il faisait allusion aux livres de la collection «Champions», qui ne sont plus utilisés», a souligné un cadre du ministère de l’Éducation, qui reconnait néanmoins que le manuel inscrit au programme contient des cours sur la reproduction humaine.
Mais est-ce que la polémique de ces jours-ci est-elle justifiée ? Les avis sont partagés.
Des parents que nous avons interrogés pensent que sur le plan éducatif, les cours en question ne représentent aucun danger. «Ce n’est pas de l’éducation sexuelle comme en France. Ce sont des schémas qui représentent l’évolution du corps humain à des enfants à qui on doit par la suite expliquer la reproduction humaine. D’ailleurs dans les dictionnaires, nous retrouverons les mêmes images. Et puis ça fait des années que ce programme est utilisé. Je ne comprends pas l’origine de la polémique », a réagi un parent dont l’un des enfants est inscrit en CM1 cette année.
Même le dictionnaire
D’autres éducateurs trouvent qu’il faudrait plutôt interdire ou du moins contrôler l’accès des enfants aux smartphones dont les conséquences pourraient s’avérer dévastatrices que les cours des sciences dispensés en classe. «Nous n’étions pas là pour protester contre le programme en soi. Plutôt, le public cible qui nous interpelle. Nous devons tenir compte de l’âge des élèves bénéficiaires qui varie entre 8 et 9 ans », a soulevé un prédicateur répondant au nom d’Ismael Ibrahim, rencontré le mercredi dernier au ministère de l’Éducation. «Ces cours vont à l’encontre de notre culture, car avant, seuls les élèves de la troisième apprenaient la reproduction», a renchéri le secrétaire général de l’intersyndicale, Moussa Mfoungoulie. Même point de vue pour Abdoulfatah Ali, enseignant de français. Ce dernier estime que les concepteurs des programmes scolaires doivent tenir compte «de notre culture et de nos traditions».