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Port de cagoule à la mode I Entre tendance à risques et quête d’identité

Port de cagoule à la mode I Entre tendance à risques et quête d’identité

Société | -   Ahmed Zaidou

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La crise post-électorale et la mode en général ont entraîné une augmentation du nombre de jeunes portant des cagoules à Ndzuani. Ce phénomène, largement répandu sur les réseaux sociaux, est qualifié de « problème d’identité avec des conséquences très négatives ». Pour comprendre l’ampleur de ce phénomène et ses implications, Al-watwan a interrogé un spécialiste en genre, changement social et comportemental.

 

Le simple fait de porter une cagoule en public peut être considéré comme une infraction. « La cagoule devrait être portée dans des situations exceptionnelles, telles qu’une intervention dans une zone où la personne (un militaire, ndlr) pourrait être facilement reconnue. Son port pourrait être autorisé en cas de circonstances appropriées recommandées par les autorités judiciaires.

La cagoule est ainsi un moyen d’éviter d’éventuelles représailles. En ce qui concerne l’existence d’une loi à ce sujet aux Comores, je ne pense pas qu’il en existe une. Cependant, dissimuler son visage peut être considéré comme une infraction», explique le Dr Abderemane Soilihi Djae, spécialiste des questions de genre, de jeunesse, de changement social et comportemental.


Au sein de la communauté, certains craignent que le port de la cagoule ne devienne une habitude indésirable, tandis que d’autres pensent qu’il s’agit d’une imitation de certains jeunes Mahorais qui en portent pour semer le désordre. Ils expliquent que les cagoules confèrent à leur porteur le pouvoir d’agir de manière barbare, sachant que leur visage est dissimulé, ce qui peut encourager des actes violents.

Certains estiment que si les jeunes adoptent ce comportement, cela n’annonce rien de bon. À Mutsamudu, par exemple, cet accessoire peut être acheté au prix de 3 000 francs dans les boutiques de mode de la ville.
Avec l’avènement du commerce en ligne, il est également possible de l’acheter à des prix variant de 750 à 2 000 francs, en fonction du modèle choisi.

Identité sociale

La cagoule peut également être portée comme un foulard remonté jusqu’au nez. Des images de jeunes portant des cagoules circulent largement sur les réseaux sociaux, principalement sur WhatsApp. Le Dr Djae, sociologue du genre et juriste de formation, explique que ce phénomène en expansion est un problème d’identité sociale qui peut conduire les jeunes à la violence extrême.

« Ce phénomène peut être expliqué à travers plusieurs concepts de psychologie de l’adolescence, qui mettent en évidence l’imitation, l’identité et le besoin d’appartenance sociale. Les adolescents sont sensibles à l’imitation de comportements, ce qui leur permet d’apprendre et de s’adapter à leur environnement. L’imitation de comportements puissants ou rebelles peut servir à tester des rôles sociaux et à explorer leur identité.

En outre, l’identification à un groupe est importante, avec l’imitation de comportements permettant de se sentir intégré ou accepté. L’adolescence étant une période de recherche d’identité, les jeunes expérimentent différents rôles et comportements pour trouver ceux qui correspondent à leur vision d’eux-mêmes », explique-t-il en détail.
En d’autres termes, « les jeunes observent, copient ou imitent des comportements perçus comme puissants.

Ils cherchent à s’identifier, à appartenir à un groupe, à construire une identité de domination ou à adopter un comportement controversé. Sur le plan social, cela peut se traduire par un manque de respect envers leur entourage, de l’indiscipline et un manque de considération envers les autres. Tout cela peut conduire à la violence et à l’insubordination », ajoute-t-il.


Selon lui, ce phénomène peut avoir des conséquences « très négatives sur le développement social» et entraîner une forte augmentation de la délinquance juvénile. «En ce qui concerne les conséquences, l’imitation de comportements controversés expose les jeunes à des risques légaux, sociaux ou physiques. Cela peut en plus influencer leur façon d’interagir avec l’autorité, et impacter ainsi les relations familiales, scolaires et sociales.

Les dilemmes moraux résultant de comportements inacceptables peuvent également influencer le développement moral et éthique des adolescents. Enfin, les comportements imités peuvent avoir des répercussions négatives sur les relations interpersonnelles, en fonction de la perception des pairs, des enseignants ou de la famille », argumente l’ancien professeur à l’Université des Comores.

Et de rappeler qu’ « à partir de 13 ans, un enfant peut être poursuivi en cas d’infraction, malgré l’absence d’une structure dédiée pour les mineurs».

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