logo Al-Watwan

Le premier journal des Comores

Port de Moroni : fin de crise entre camionneurs et importateurs de ciment

Port de Moroni : fin de crise entre camionneurs et importateurs de ciment

Société | -

image article une
Après plusieurs jours de conflit, un accord entre les importateurs de ciment et les chauffeurs de camion met fin à la crise et relance les activités logistiques.

 

Le port de Moroni a retrouvé son calme après trois jours de vives tensions opposant le syndicat des chauffeurs Usukani wa Masiwa aux importateurs de ciment, notamment le Magasin Kamal. Grâce à une médiation menée par le parquet et l’implication des organisations patronales, un accord a été trouvé le 5 août. Ce compromis a permis de mettre fin au piquet de grève observé par les camionneurs. Les importateurs ont vu leur liberté de choix logistique réaffirmée, tandis que le syndicat a obtenu des garanties quant à la poursuite du dialogue sur leur rôle dans les opérations de déchargement.


La crise avait éclaté quelques jours plus tôt, lorsqu’un chauffeur du Magasin Kamal a tenté d’accéder à l’intérieur du port pour assurer le suivi des opérations de déchargement de ciment. À ce moment-là, plusieurs camionneurs bloquaient volontairement l’entrée du site en guise de protestation. D’après les explications de Kamal Youssouf Ahamada, son chauffeur a été violemment pris à partie, blessé par des jets de pierres, et le camion endommagé. L’homme, selon ce dernier, a dû être «évacué pour recevoir des soins». Du côté des grévistes, deux d’entre eux auraient été blessés lorsque le chauffeur a voulu forcer leur barrage.


Derrière cet affrontement, se cachait une opposition plus profonde liée à l’organisation du transport du ciment. Les chauffeurs affiliés au port «souhaitaient que les importateurs leur confient systématiquement le transport de la marchandise». Or, toujours Kamal Youssouf Ahamada, «cette demande ne repose sur aucune obligation légale». Selon lui, «le recours aux services de ces chauffeurs a longtemps reposé sur une entente informelle qui ne saurait être imposée». Il affirme avoir «investi » dans ses «propres camions plateaux pour optimiser ses livraisons», d’autant plus qu’il doit «écouler une cargaison de 32 000 tonnes de ciment en seize jours». «Tout retard» l’expose donc à «des pénalités financières importantes», or ses véhicules lui assurent « un rendement bien supérieur aux camions classiques du port, tout en réduisant le risque de détérioration du produit».


Le syndicat, quant à lui, estime que les chauffeurs ont «un droit légitime à être impliqués dans les opérations de déchargement». Selon leur porte-parole, Moustoifa Hamidou, «l’absence de concertation a alimenté la frustration, d’autant que des discussions avaient été sollicitées auprès de l’importateur sans succès». Il «regrette que l’incident ait dégénéré et conduit à l’intervention de l’armée, suivie de plusieurs arrestations». Tout en se félicitant du compromis obtenu, il annonce que «le syndicat compte engager un avocat afin d’obtenir une reconnaissance plus formelle de leurs droits dans les activités portuaires».

 Moudjib Mohamed Said

Commentaires