Il était 14h mercredi dernier lorsqu’un conflit opposant les pêcheurs au port de Moroni a éclaté. Ce conflit tire ses origines sur l’utilisation des filets maillants dérivants par certains pêcheurs. Une pratique interdite voire même illégale en raison des prises accidentelles des mammifères marins. Elle participe également à la surexploitation de nos océans. La pêche au filet participe, selon les spécialistes à la destruction des écosystèmes et menace la sécurité alimentaire et l’équilibre économique du marché des produits de la mer.
Les filets maillants au cœur du conflit
“Ceux qui violent cette pratique contre l’environnement sont ceux qui font la pêche traditionnelle, à bord d’embarcations non-motorisées (les pêcheurs de pirogues) qui ne pêchent que sur le littoral. Et ceux qui pratiquent la pêche à filets maillants dérivants sont ceux qui peuvent pêcher au large. On ne veut pas de cette pratique qui pêche et les œufs, et les petits poissons mais aussi des gros poissons”, a ainsi démontré le président des pêcheurs du port de Moroni, Chabir Abdourahamane, pour expliquer les prises de position des uns et des autres.
Il confie avoir peur de ce qui peut se passer lorsque les pêcheurs auront retiré les filets maillants dérivants de la mer. “Après cela, tous les pêcheurs voudront s’acquitter du poisson pêché. Alors que ceux qui ont installé les filets, ne vont pas accepter de partager. C’est là, qu’ils peuvent venir à des coups bien violents que ce qui s’est déjà produit entre eux”, a-t-il expliqué.
La pêche interfère les activités du port
Contacté par Al-watwan pour s’enquérir de la situation, le lieutenant Zakaria Abdallah a indiqué que dans ce genre de cas, c’est aux garde-côtes comoriens d’intervenir. Ces derniers disent surveiller les protagonistes et suivre l’évolution de la situation, et si nécessaire, ils interviendront pour éviter le pire.
La pêche par filets maillants impacte non seulement l’environnement marin mais interfère aussi le bon fonctionnement des activités du port de Moroni. D’ailleurs, selon le chef des opérations portuaires, Abdoulkarim Youssouf, huit filets maillants étaient déjà installés avant-hier. “Cela a retardé certains bateaux qui devaient accoster. Et le bateau acquis par le gouvernement risquait de se heurter à des rochers”, a-t-il déploré.
Il saisit l’occasion pour sensibiliser le gouvernement sur le fait que c’est l’image du port qui est en jeu puisque les ports constituent les vitrines du pays. “Cela ne fait pas valoir ni la sécurité, ni la sûreté du port, d’où la hausse des assurances. Les opérations portuaires sont un frein notamment à cause du temps d’attente prolongé, qui d’ailleurs fait augmenter le prix du fret”, a-t-il ajouté.