logo Al-Watwan

Le premier journal des Comores

Port de Moroni/Déchargement du ciment I Des désaccords entre opérateurs économiques et chauffeurs de camions

Port de Moroni/Déchargement du ciment I Des désaccords entre opérateurs économiques et chauffeurs de camions

Société | -

image article une
Une violente altercation survenue le samedi 2 août au port de Moroni entre chauffeurs de camions et représentants d’une société d’importation de ciment a relancé les tensions latentes sur les conditions de déchargement. Les opérateurs économiques dénoncent l’agression, appellent au calme et en appellent à l’État pour garantir la sécurité et le respect des règles.

 

Réunis hier lundi au siège de l’Union des Chambres de Commerce et d’Industrie des Comores (Uccia), les représentants de l’Organisation patronale des Comores (Opaco), du Mouvement des entreprises comoriennes (Modec) et du Syndicat national des commerçants (Synaco) ont tenu à clarifier les événements survenus deux jours plus tôt au port de Moroni. Selon leurs déclarations, un chauffeur affilié à la société Kamal aurait été agressé physiquement et son camion endommagé. Le président du Synaco, Abdou Boina, a précisé que la victime est en cours d’évacuation pour recevoir des soins à l’étranger. L’incident serait survenu à la suite de désaccords entre les chauffeurs opérant au port de Moroni et les importateurs de ciment concernant les modalités de déchargement des cargaisons.


Une réunion avait été convoquée avec les différentes parties, incluant le syndicat des chauffeurs Usukani wa Masiwa, pour convenir d’un partage équitable des opérations et ce initialement sur la base d’un 50/50, puis d’un compromis de 30 % pour les chauffeurs et 70 % pour les importateurs. Ce dernier accord aurait été rejeté par les chauffeurs, entraînant la confrontation. «Nous avons tout tenté pour une solution durable. Cette escalade est regrettable. Elle risque de compromettre la confiance des transporteurs maritimes », a déploré Abdou Boina, appelant les ministères de l’Intérieur, de l’Economie et de la Justice à intervenir pour apaiser la situation.

Appels à l’apaisement et précisions sur les droits des importateurs

Pour le vice-président de l’Opaco, Hamidou Mhoma, cette conférence visait d’abord à dénoncer une agression qui nuit aux intérêts de l’ensemble des acteurs économiques. Il a tenu à rappeler que tout citoyen, y compris un importateur, a le droit d’acheminer ses biens depuis le port sans contraintes, dans le respect des règles en vigueur. «Usukani wa Masiwa est un opérateur économique à part entière, mais il ne doit pas compromettre l’activité des autres», a-t-il déclaré. Selon lui, certains transporteurs retardent parfois la livraison des cargaisons, entraînant des pertes financières pour les importateurs. Les représentants patronaux réunis ont réaffirmé leur soutien à la société Kamal et réfuté les rumeurs selon lesquelles cette dernière bénéficierait d’un monopole d’État sur le transport. «Il n’existe aucun monopole. Chacun est libre d’opérer selon les normes établies», a insisté Hamidou Mhoma.


De son côté Mourad Bazi, membre du Modec, a établi un lien entre ces tensions et la flambée des prix dans le pays. Il a rappelé qu’un retard dans le déchargement peut coûter jusqu’à 7 millions de francs comoriens par jour en pénalités pour un importateur, ce qui influe directement sur le prix de vente des produits. Enfin, Kamal Youssouf Ahamada, directeur de la société éponyme, a apporté sa version des faits. Il a précisé n’avoir joué aucun rôle direct dans la conduite du camion au moment de l’incident. «Mon chauffeur est entré dans le port seul. Aucun affrontement n’a été provoqué de notre part. C’est lui qui a reçu une pierre au visage. Le pare-brise du camion a été brisé », a-t-il relaté, appelant à une désescalade des tensions.

Moudjib Mohamed Saïd

 

Commentaires