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Port de Mutsamudu I Les nouvelles mesures de la Scp décriées

Port de Mutsamudu I Les nouvelles mesures de la Scp décriées

Société | -   Sardou Moussa

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Le Port international Ahmed Abdallah Abderemane fonctionne au ralenti depuis le début de cette semaine, même si ses dirigeants ne veulent pas l’admettre. Une situation née de la série de mesures, allant du recrutement des dockers à la règlementation de la circulation dans l’enceinte portuaire en passant par les taxes portuaires, prises par la direction de la Société comorienne des ports.

 

Des dirigeants de la Scp (Société comorienne des ports) ont annoncé, le lundi dernier, avoir tenu une réunion avec les commerçants, les transitaires et la douane, pour présenter les nouvelles taxes applicables au port de Mutsamudu. L’un des intervenants, Abdou Malide, a soutenu que tout ce qui se fait actuellement au port n’a d’autre objectif que de renforcer la sécurité de ce lieu et de réduire les charges financières de ses usagers.

Les contestations s’enchaînent

La semaine dernière, la société avait annoncé de précédentes mesures : l’obligation pour les voyageurs et les commerçants de passer leurs colis par des transitaires, et le recrutement de dockers propres à la Scp, la société ne voulant plus de dockers occasionnels dans l’enceinte portuaire. Ces changements n’ont pas été sans conséquences sur le fonctionnement du port : les contestations se sont depuis enchainées. Mais alors que les différents usagers du port évoquent une certaine paralysie de l’activité portuaire depuis le lundi, ses dirigeants se veulent rassurants. «Il n’y a pas de grève au port», déclarait le mardi, Mohamed Abdou Mdjanga, responsable de la petite manutention.


Pourtant, après le problème des dockers (lire Al-watwan n°4595 du 12 janvier 2023), la grogne s’est étendue cette semaine aux camionneurs et aux commerçants, qui dénoncent des mesures subites et non concertées». «La Scp ne veut pas que nous entrons au port avec nos déchargeurs à nous. Elle veut que le déchargement des conteneurs soit assuré par ses dockers à elle. Nous avons refusé, car les leurs ne peuvent pas faire correctement le travail», explique Mfalume, chauffeur de camion. Le produit essentiellement exporté de Ndzuani reste le girofle. Or, d’après Mfaume, il y aurait des techniques d’empotage des conteneurs de ce produit que tout docker non initié ne connaitrait pas forcément.


D’autres griefs sont dirigés contre l’autorité portuaire, cette fois par les commerçants. Que doivent faire des sociétés comme Coca-cola, Duka-bè, qui ont déjà leurs dockers ? Les mettre au chômage ? Et puis la Scp veut intervenir dans le dépotage et l’empotage de conteneurs, or c’est du ressort de l’Asc [Anjouan stevedoring company, la société manutentionnaire du port de Mutsamudu]», fustige Bacri Saïdali, secrétaire général de l’association d’opérateurs économiques, Ankiba. Et d’ajouter : «Les dirigeants du port prétendent vouloir limiter la présence d’intrus au port. On veut lui faciliter cela, notamment en dépotant donc nos conteneurs en dehors du port. Mais ils se sont encore aperçus qu’ils perdront ainsi de l’argent, alors ils essaient de persuader encore la douane de refuser cela».


En tout cas on ne peut pas dire que le fonctionnement du port soit optimal depuis le début de cette semaine. Et contrairement à ce que prétend la Scp, l’entente ne semble pas tout à fait retrouvée avec les opérateurs économiques. «Jusqu’à maintenant il n’y a rien de clair entre nous. Les discussions continuent. Le problème, ce sont ces taxes subites et unilatérales. Il est important que l’on paie des droits pour notre pays, mais il est aussi important de nous en prévenir à l’avance», estime Ousseine Mansoib, exportateur de girofle.«Nous avons créé une commission pour continuer les discussions. La Scp prend des mesures unilatérales ; nous essayons de rassembler tous les acteurs pour discuter de tout cela. Ces derniers ont demandé une suspension de ces mesures pour une concertation», fait savoir de son côté Saindou Bindjo, au nom de la Chambre de commerce de Mutsamudu.

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