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Port de Mutsamudu I Mésentente entre les dockers et l’autorité portuaire

Port de Mutsamudu I Mésentente entre les dockers et l’autorité portuaire

Société | -

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Les dockers, comme les autorités du port, s’accordent à dire que les armateurs «arnaquent» les premiers. Ce sont en effet ces derniers qui perçoivent le paiement de la manutention chez les affréteurs, avant de le reverser aux dockers. Le deuxième différend qui oppose les deux parties, et à cause duquel la grève s’est poursuivie le lendemain mercredi, c’est le port de gilets dans l’enceinte du port.

 

Les dockers du port de Mutsamudu sont, depuis quelques jours, à couteaux tirés avec l’administration. En cause, une sombre histoire de redevances et des gilets de service. Le mardi, ils avaient arrêté le travail (un bateau arrivé de Mwali a été abandonné avec son fret au quai), et invité les médias pour venir noter leurs revendications.

Swaïfi Youssouf, leur meneur, a ainsi raconté ce qu’il s’est passé : «nous sommes des dockers occasionnels. On facture 500 francs le sac de produits déchargé. On paie 10.000 francs au camionneur, puis on se partage le reste entre collègues. Mais il y a quelques jours, quand l’Île de Mwali [un bateau] est arrivé, l’un des responsables du port est venu nous informer que désormais les règles ont changé, que nous devrions leur verser la moitié de nos gains». 

Une chose, bien entendu, inacceptable pour les dockers. Mais les négociations ont, selon toujours Swaïfi, continué, jusqu’à aboutir à un compromis. «Nous nous sommes finalement mis d’accord qu’on ferait comme au port de Mwali : on prélèvera 50 francs sur les 500 francs de chaque sac déchargé», a-t-il poursuivi. 
Ce premier bras de fer aurait pu se résoudre ici, si ce n’était cet autre petit souci : les dockers, comme les autorités du port, s’accordent à dire que les armateurs «arnaquent» les premiers. Ce sont en effet ces derniers qui perçoivent le paiement de la manutention chez les affréteurs, avant de le reverser aux dockers. «Il est depuis longtemps établi que le kilogramme de fret est facturé à 25 francs à la manutention. Mais ces 25 francs ne nous sont pas intégralement reversés.

L’armateur nous reverse 15 francs, parfois moins. Nous voulons donc que cela change. Si l’autorité portuaire affirme que la manutention lui appartient, elle doit alors percevoir directement cet argent pour nous le reverser, et là, elle pourra également directement ponctionner sa redevance», soutient le chef des dockers.


Le deuxième différend qui oppose les deux parties, et à cause duquel la grève s’est poursuivie le lendemain mercredi, c’est le port de gilets dans l’enceinte du port. L’administration du port propose des gilets aux dockers, mais ces derniers, qui disposent de leurs propres gilets, refusent de les prendre. «Pourquoi veulent-ils nous imposer leurs gilets alors que nous n’avons même pas terminé les négociations ?», s’interroge Swaïfi. Pour l’autorité portuaire, c’est un point qui ne devrait pourtant pas faire polémique. «C’est nous qui décidons de quel genre de gilet tel travailleur du port doit porter, pour mieux l’identifier. On pourrait même les leurs donner gratuitement, pour les porter pendant le service et le rendre à la fin...», explique un responsable de la capitainerie.


Il faut rappeler qu’au port de Mutsamudu, la grande manutention (déchargement des cargos) est depuis 2003 confiée à une société privée, Anjouan stevedoring comptant (Asc). Pour le déchargement des bateaux assurant le trafic inter-îles, les affréteurs pouvaient jadis amener leurs déchargeurs, mais, à en croire toujours notre interlocuteur, la direction du port a décidé d’accréditer des dockers qui se rendent régulièrement au port pour chercher du travail.

SM avec Djalali-Eddine Moindze

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