Sa nomination est perçue par certains comme une exception surtout dans un pays où l’on tient de moins en moins compte des compétences nécessaires dans les postes de responsabilités. Désigné par le chef de l’État pour prendre la tête de l’Agence nationale de l’aviation et de la météorologie (Anacm), Abdou Mondoha Abdillahi a officiellement pris ses fonctions le samedi dernier, lors d’une cérémonie ayant réuni plusieurs personnalités.
La plupart des intervenants ont reconnu que les défis qui l’attendent sont nombreux, mais se sont dit tous confiants quant aux capacités du nouveau venu. Car contrairement à son prédécesseur qui assurait l’intérim, Abdou Mondoha Abdillahi a toujours travaillé dans le domaine de l’aviation civile.
Avant de venir prendre la tête de l’Anacm, il occupait depuis 2017, le poste de commandant d’aérodrome au sein de l’Agence pour la sécurité aérienne en Afrique et à Madagascar (Asecna). Sous l’autorité du représentant aux Comores de l’Asecna, Abdou Mondoha Abdillahi remplissait un certain nombre de missions.
Celles-ci consistaient, notamment, à veiller à la sécurité et à la régularité de tous les vols dans l’espace aérien sous sa responsabilité. «Cela inclut l’accompagnement des structures spécialisées pour les recherches et le sauvetage dans sa zone de responsabilité, la contribution à l’efficacité des procédures de lutte contre le péril aviaire ou encore la veille à la disponibilité et à la qualité des informations aéronautiques publiées et élaborées par l’information locale, par l’aérodrome et son voisinage», précise le règlement intérieur de l’Asecna, où il a passé presque vingt ans de sa carrière.
Maîtrise du secteur
Aiguilleur du ciel, Abdou Mondoha Abdillahi est formé à l’École africaine de la météorologie et de l’aviation civile (Emac) de Niamey, au Niger. Il est sorti avec un diplôme de contrôleur de la circulation aérienne puis celui d’inspecteur de la circulation aérienne. Mais bien avant d’être nommé commandant d’aérodrome en 2017, fonction qui lui permettait de remplacer le représentant de l’Asecna, l’actuel patron de l’institution a d’abord été chef d’unité de circulation aérienne, assurant l’intérim du commandant d’aérodrome, entre 2015 et 2016. Son rôle était de superviser et d’organiser le traitement des évènements de sécurité mais pas seulement. Il fut également toujours à l’Asecna, contrôleur de la circulation aérienne (2003 à 2011) et régisseur.
Marié et père de trois enfants, Abdou Mondoha Abdillahi est né le 10 avril 1979, à Dembeni, dans le Mbadjini. Tout comme sa génération, il a passé ses études secondaires au lycée Saïd Mohamed Cheikh, où il a obtenu en 1997, son baccalauréat C. En plus de ses études à l’Emac, le successeur de Mchami Ibrahim a bénéficié de nombreuses formations : sensibilisation sur les données d’aérodrome et surfaces de limitations d’obstacles, l’utilisation du logiciel Eccairs (une initiative de la Commission européenne destinée à faciliter les échanges de données de sécurité…).
Autant d’atouts qui devraient l’aider à remplir efficacement ses nouvelles missions. «Il est parmi de ceux qui maîtrisent le métier de l’aviation. Si les politiques ne s’immiscent pas, il pourra faire quelque chose», croit savoir un ancien collègue de l’Asecna. Lors de la cérémonie de passation de service, le personnel et les techniciens, par la voix du directeur de la sécurité des vols, Mohamed Sandi Anzi, ont promis d’accompagner le nouveau maitre des lieux. «Ce qu’il doit faire en priorité c’est la certification de l’aéroport de Moroni.
Un processus qui passe par la formation du personnel de l’Adc, ses procédures ainsi que ses infrastructures. La certification englobe Com’air et Asecna», insiste un responsable de l’Anacm, qui dit espérer que Mondoha saura faire plier les compagnies aériennes pour qu’elles soient aux normes. Il faut noter que le gendarme de l’aviation civile comorienne se doit d’être ferme dans ses décisions, car la moindre erreur peut conduire à des drames.