Il y a deux semaines, dans un mariage traditionnel, a été aperçue une jeune femme, caméra aux poings. Cette apparition a créé la surprise, le métier de cameraman étant considéré, ici comme un métier d’homme. Cette jeune femme s’appelle Chaima Allaoui. Ce serait réducteur de dire qu’elle n’est que camerawoman. Parce qu’en vrai, Chaima Allaoui est une passionnée de l’audiovisuel.
Âgée de 31 ans et mère de deux enfants, elle vient de monter sa boite qui porte le nom de “Mwezi Design”, il y a à peine un mois dans sa maison sise à Câble de Lion. Et ce après “deux ans de galère” après son retour aux Comores en 2016. Native de Moroni, elle a fait une école d’audiovisuel pendant deux ans à l’île de La Réunion, puis les beauxarts.
Elle s’est spécialisée dans le montage vidéo et photos et en 2009 elle est partie à Paris où elle a travaillé dans la boutique photo de la Tour Eiffel. Le déclic viendra avec son premier enfant. Un retour aux sources s’est imposé de lui-même.
“Nous nous sommes décidés de retourner au pays et quand je suis arrivée en 2016, j’ai galéré pendant deux ans pour trouver un travail, surtout que je me suis retrouvée enceinte”, se souvient-elle.
Parce que lasse de déposer Cv sur Cv sans l’ombre d’une promesse d’embauche, elle décidera de se mettre à son compte. “J’ai ouvert une boite de communication, dit-elle, tout sourire, je fais tout ce qui concerne montage photo, je crée des logos entre autres”.
Elle ajoutera que récemment sa belle-famille faisait un mariage et lui a proposé de se lancer et filmer le mariage. “A partir de là, j’ai eu des contacts de gens qui ont besoin de mes services. Je remercie beaucoup ma belle-famille qui m’a poussée à le faire”, se réjouit la jeune femme.
Le fameux mariage dont nous parlions plus haut. Elle a grandi un peu là- dedans avec son père qui est l’ancien directeur de La Gazette des Comores. En plus de son grand frère qui évolue dans le monde du cinéma. “J’ai eu mon frère comme prof de cinéma à l’école pendant un an”, dit-elle à la fois nostalgique et souriante. “J’ai grandi dedans, je pense que c’est ce qui m’a poussée à faire l’audiovisuel”.
Quand elle prend l’appareil photo ou la caméra, “je ne me dis pas que je suis une femme”, soutient la trentenaire.
Outre sa boite Mwezi Design, elle effectue un stage à l’Union européenne, question d’acquérir encore de l’expérience et se créer, comme qui dirait, “un réseau”.
“Dans ma boite, je touche à tout, même si j’ai des gens qui travaillent avec moi.” Pour se lancer, elle a juste eu à “déclarer son entreprise”et par des contacts, le bouche-à-oreille, elle a obtenu quelques contrats.
“L’audiovisuel est très prisé en ce moment, la preuve en un mois, depuis le mariage grâce auquel je me suis lancée, j’ai eu six demandes de particuliers et d’institutions pour une réalisation de reportages, filmer des mariages”, dit-elle, le sourire aux lèvres. L’avenir s’annonce prometteur.
Le pays commence à prendre en compte la communication. Et puis, comme toujours, comme partout, quand on veut atteindre un objectif, il faut se battre. Et elle de dire : “il ne faut pas se laisser faire, il faut toujours essayer de faire ce que l’on aime”. Et de le faire bien, aurait-elle pu ajouter.