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PORTRAIT I Hachim Mmadi Abdou, coiffeur par passion et par résilience

PORTRAIT I Hachim Mmadi Abdou, coiffeur par passion et par résilience

Société | -

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Dans un salon de coiffure féminin, Hachim Mmadi Abdou défie les stéréotypes. Entre passion, résilience et rejet familial, ce jeune coiffeur impose son talent dans un métier encore jugé atypique.

 

Dans un petit salon réservé aux femmes, niché dans l’un des quartiers animés de Moroni, Magoudjou, se distingue un jeune homme. Peigne en main, regard concentré et gestes minutieux, Hachim Mmadi Abdou exerce un métier qu’il ne considère pas seulement comme un gagne-pain, mais comme une véritable vocation. À 31 ans, ce jeune coiffeur originaire de Bweni ya Bambao s’est taillé une place à force de passion, de courage… et de choix peu ordinaires. Hachim n’a pas eu un parcours simple. La perte de son père a marqué un tournant brutal dans sa vie. Il était encore élève lorsqu’il s’est retrouvé face à une réalité financière qui ne lui permettait plus de poursuivre ses projets scolaires. «J’ai décidé de faire ce projet suite à la mort de mon père.

Tout me semblait très restreint et les finances ne permettaient pas d’aller plus loin», confie-t-il, avec pudeur. Un voyage à Mayotte pour des raisons de santé va bouleverser son destin. Là-bas, il suit une formation en coiffure, entre deux traitements médicaux. Un passage dans un salon réputé de l’île confirme son attrait pour ce métier. «Cela m’a permis de travailler dans un salon remarquable», raconte-t-il avec fierté. Ce n’est pourtant pas sans obstacles que Hachim s’est lancé. Dans une société comorienne encore marquée par des traditions bien ancrées, voir un homme s’investir dans la coiffure féminine n’est pas toujours bien vu.

Rejeté par une partie de sa famille, notamment sa propre mère, Hachim a dû affronter plus qu’un simple regard critique. «Ma famille, surtout ma mère, a complètement refusé que je travaille sur un tel projet, en raison des mœurs comoriennes. J’ai continué malgré tout, sans même attendre leur soutien», affirme-t-il. Aujourd’hui, son salon ne désemplit pas. Sourcils, postiches, henné, maquillage… Les clientes se succèdent, séduites par le professionnalisme de celui qui a su se former avec rigueur et passion.

«Beaucoup sont des femmes qui viennent pour se faire épiler les sourcils, poser du henné ou se maquiller. La journée ne se termine jamais sans encaissement», dit-il, sourire aux lèvres. Au-delà des revenus qu’il génère, c’est surtout la reconnaissance et la liberté de vivre de sa passion qui motivent Hachim au quotidien. Il est la preuve vivante que le talent n’a pas de genre, et que la volonté peut briser bien des barrières. «Les métiers ne varient pas selon le sexe, mais selon l’ambition et la volonté de chacun», martèle-t-il.

Toimayat Hassane (stagiaire)

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