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PORTRAIT I Masa, l’éco-garde qui nourrit sa communauté autrement

PORTRAIT I Masa, l’éco-garde qui nourrit sa communauté autrement

Société | -   Abdillahi Housni

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À Mwahani, l’éco-garde Masa transforme son champ en atelier artisanal où il sèche poissons, cultive l’ylang et prône l’autonomie, convaincu que chaque jeune peut créer quelque chose d’utile.

 

Dans les hauteurs verdoyantes de Mwahani, entre Djando et Mledjele, un homme s’affaire loin du tumulte des villages. Hadjidane Bouldane, que tous surnomment “Masa”, passe désormais l’essentiel de son temps entre son champ et la forêt. À quarante ans passés, ce père de famille discret s’est frayé un chemin singulier entre protection de l’environnement et transformation artisanale des produits de la mer.

Ancien employé de Comores Télécom entre 2010 et 2012, Masa s’est aujourd’hui engagé dans un métier rare à Mwali : la conservation des poissons par séchage et fumage. Dans sa parcelle, entouré de ses installations rudimentaires mais efficaces, il travaille avec passion, loin de la ville, loin du regard des curieux. Éco-garde au Parc national de Mwali, il consacre ses jours de repos à cette activité qu’il considère à la fois comme un loisir utile et un service rendu à la communauté.

« Depuis longtemps, je voyais les pêcheurs de notre région confrontés à des pertes importantes en cas de surpêche. Beaucoup ne savaient pas conserver les poissons. Alors je me suis dit qu’il fallait que j’apprenne ce métier pour aider les gens à consommer des produits sains », explique-t-il. Après plusieurs formations, il s’est lancé. Aujourd’hui, ses poulpes séchés, vendus 6 000 francs le kilo, et ses poissons fumés ou séchés, proposés à 7 500 francs, trouvent facilement preneurs à Wanani.

Dans ce même champ où nous l’avons rencontré, Masa cultive également l’ylang-ylang. Sans soutien extérieur, il a planté des dizaines de pieds, auxquels s’ajoutent bananiers et autres cultures vivrières. « Quand je suis ici, je touche à tout. La vie nous oblige à travailler davantage pour vivre dignement. J’appelle les jeunes à ne pas rester les bras croisés : il faut créer quelque chose d’utile, quelque chose qui serve », a-t-il confié.

Ses produits attirent de plus en plus de clients qui viennent directement passer commande. Mais au-delà des revenus, Masa savoure surtout la liberté de vivre selon ses valeurs, au plus près de la nature et des besoins de sa communauté

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