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PORTRAIT I Mikidadi Ali, le semencier de Serehini qui fait germer l’espoir

PORTRAIT I Mikidadi Ali, le semencier de Serehini qui fait germer l’espoir

Société | -

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À Serehini, dans le Bambao, un jeune entrepreneur agricole redonne vie à la terre et inspire toute une génération à croire en l’avenir de l’agriculture.

 

Au cœur des collines verdoyantes de Bambao, le nom de Mikidadi Ali résonne comme celui d’un pionnier. À 36 ans, ce jeune homme originaire de Serehini a su transformer sa passion pour la terre en une entreprise florissante, en plaçant les semences agricoles au centre d’un projet à la fois économique et social.
Diplômé d’un Deug en commerce, Mikidadi a longtemps jonglé entre différents métiers avant de suivre pleinement sa vocation. Après une expérience à Madagascar en tant que responsable de stock chez Malagasy Spices, il revient au pays en 2021, où il enchaîne plusieurs fonctions dans l’administration publique : agent du Trésor, puis contrôleur au port de Moroni. Mais derrière ce parcours administratif, une passion plus profonde ne cessait de l’appeler : celle de cultiver, de transmettre et de nourrir.

La souveraineté alimentaire nationale

C’est ainsi qu’en 2024, il fonde à Serehini sa propre entreprise, «Very Piya». Mikidadi s’y consacre à la culture et à la vente de semences fruitières, avec une approche artisanale mais rigoureuse. Il privilégie notamment la technique traditionnelle du marcottage, «apprise auprès des anciens». «Le marcottage, c’est une technique simple mais puissante. Elle me permet de vivre dignement avec ma famille», confie-t-il, fier de perpétuer un savoir-faire ancestral tout en le modernisant.


Conscient des réalités sociales du milieu rural, Mikidadi observe que les femmes restent les principales actrices de l’agriculture vivrière. «Ce sont souvent elles qui viennent acheter les semences. Les hommes les accompagnent parfois, mais rarement seuls», remarque-t-il, rendant hommage au rôle central des femmes dans la sécurité alimentaire du pays. Son sens de la transparence et de la justice se reflète jusque dans sa politique de prix : «Je mesure chaque plante et je fixe le prix selon sa taille. C’est plus juste pour le client et pour moi», confie-t-il. Une méthode simple, mais révélatrice de sa rigueur et de son respect du travail bien fait.
Vice-président du Sanduk Msiri Mbali à Mbashile et directeur de la pépinière Gagnant–Gagnant, Mikidadi Ali incarne une ambition claire : multiplier les plantations pour contribuer à la souveraineté alimentaire nationale. «Chaque plante que je vends, c’est une graine d’espoir pour mon village et une source de revenu pour ma famille», affirme-t-il avec conviction.Dans un contexte où l’agriculture comorienne peine à se moderniser, Mikidadi Ali fait figure d’exemple.

Djaaffar Ahamed et Youssef Abdou

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