À Bandar Salama, un village de la commune de Mwalimdjini sur l’île de Mwali, Mohamed Ali Sarouma, 50 ans, fait figure d’exemple. Père de famille et amputé du pied gauche depuis plus de 20 ans à la suite d’un accident, cet homme a su transformer son handicap en une force motrice pour bâtir une vie riche de sens et d’engagement.
Avant de se consacrer à l’agriculture, Mohamed Ali Sarouma a œuvré pendant plusieurs années comme bénévole au Croissant-Rouge comorien, intervenant dans des missions de secours et de protection des civils. En 1997, il s’est réorienté vers les travaux publics, contribuant à la construction de ponts et autres infrastructures essentielles sur l’île. Mais en 2002, un accident a changé le cours de sa vie, le privant de son pied gauche. Loin de le décourager, cette épreuve a nourri sa détermination.
Un agriculteur engagé et innovant
Depuis plusieurs années, Mohamed Ali Sarouma a trouvé sa voie dans l’agriculture. Sur un terrain situé à Banguani, à proximité de la piste d’atterrissage de l’aéroport, il cultive des produits maraîchers tels que la salade, la tomate et la betterave, ainsi que des cultures vivrières comme la banane et le manioc. Grâce à un financement de 210 000 francs comoriens obtenu via le projet Scoot Wezombeli, il a pu intensifier ses activités et produire des semences de citronniers, orangers, jacquiers et girofliers, en plus de plants forestiers comme les badamiers.
Pour Mohamed Ali, l’agriculture est plus qu’un métier : c’est une mission. Il voit en son travail une réponse concrète aux défis de la sécurité alimentaire et de la préservation de l’environnement. «On a tendance à croire qu’un handicapé ne peut rien faire d’utile. Pour moi, c’est faux. Ce métier me permet non seulement de subvenir aux besoins de ma famille, mais aussi de contribuer au développement de mon pays », affirme-t-il avec conviction.
Un défenseur acharné de l’environnement
En parallèle de ses activités agricoles, Mohamed Ali Sarouma s’est donné pour mission de lutter contre le changement climatique. À titre individuel, il a planté de nombreux arbres dans les rues et ruelles de Bandar Salama, notamment des moringas, connus pour leurs vertus nutritionnelles et médicinales. Ces initiatives lui ont valu l’admiration des habitants, comme en témoigne le maire de Mwalimdjini. «Grâce à lui, de nombreuses familles utilisent les feuilles de moringa pour se nourir. C’est une aide substantielle et un recours pour les familes de notre commune», estime l’édile. Son engagement ne s’arrête pas là : il participe également à la reforestation des côtes pour lutter contre l’érosion, et contribuer ainsi à la résilience écologique de sa région.
Malgré ses succès, Mohamed Ali Sarouma fait face à des difficultés, notamment le manque d’accès à l’eau pour irriguer ses cultures. Il appelle les autorités et les organisations compétentes à soutenir ses efforts, afin de renforcer ses activités agricoles et environnementales. Aujourd’hui, Mohamed Ali Sarouma est un symbole de courage et de résilience, mais aussi un acteur clé de la lutte pour la préservation de l’environnement aux Comores. Pour le maire de Mwalimdjini, il mérite des reconnaissances et des encouragements pour ses actions exemplaires. Un parcours inspirant qui prouve que, face aux obstacles, la volonté peut déplacer des montagnes.
Abdillahi Housni