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Portrait I Mohamed Mouigni, diplômé et fier chauffeur de taxi

Portrait I Mohamed Mouigni, diplômé et fier chauffeur de taxi

Société | -

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Diplômé en administration économique et sociale, Elamine Mohamed Mouigni a choisi le volant plutôt qu’un bureau. Fier chauffeur de taxi, il revendique un métier qu’il juge digne, libre et essentiel.

 

À première vue, Elamine Mohamed Mouigni pourrait sembler suivre un parcours atypique, presque contradictoire. Diplômé en Administration économique et sociale (Aes) de l’Université des Comores, il a pourtant choisi de ne pas mettre à profit son diplôme dans le secteur public ou administratif. À 30 ans, ce jeune homme originaire de Mdjankangoni ya Mbadjini revendique pleinement son métier de chauffeur de taxi, qu’il considère non pas comme une contrainte, mais comme un choix de vie assumé et réfléchi. Né le 26 décembre 1994, Elamine a vite compris que les réalités du marché de l’emploi aux Comores ne sont pas toujours à la hauteur des ambitions académiques.

Pourtant, loin de se plaindre ou de baisser les bras, il a su redéfinir ses priorités. Après une courte expérience comme vendeur de pain dans une entreprise locale, puis un stage à la Maison de l’emploi qui ne l’a ni convaincu ni satisfait, il décide de prendre un autre chemin : celui de la route. Depuis 2022, il sillonne les rues au volant d’un taxi de type Vitz ; il transporte passagers et convictions. «Être chauffeur de taxi est un choix et non un moyen de subsistance», insiste-t-il. Pour Elamine, ce métier ordinaire est loin d’être un pis-aller. Il le juge essentiel, digne, et surtout plus gratifiant que bien des emplois dans l’administration publique.


«Dans le taxi, je gagne deux mille francs comoriens de commission par jour [hors salaire, ndlr], sur douze-mille-cinq-cents francs de versement quotidien», confie-t-il avec pragmatisme. Une stabilité financière relative, mais qui lui suffit à vivre dignement, sans dépendre d’un salaire étatique qu’il juge insuffisant. «L’État ne paye pas bien la main-d’œuvre», affirme-t-il sans détour. En choisissant la voie du travail manuel et indépendant, Elamine Mohamed Mouigni casse certains clichés à la peau dure.

 Toimayat H. Ali

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