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PORTRAIT I Narhane Abdallah, le courage au féminin sous l’uniforme des sapeurs-pompiers

PORTRAIT I Narhane Abdallah, le courage au féminin sous l’uniforme des sapeurs-pompiers

Société | -   Touma Saïd

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Son rêve est né dans un moment de drame. Aujourd’hui, Narhane Abdallah, jeune sapeur-pompier à la sécurité civile, affronte chaque jour le danger avec calme et dévouement.

 

C’est au cours d’un stage à l’hôpital El-Maarouf qu’un événement va bouleverser la trajectoire de Narhane Abdallah. Un grave accident survenu dans une localité du nord de Ngazdja conduit plusieurs victimes aux urgences. Narhane, alors stagiaire, assiste de près à l’intervention des sapeurs-pompiers venus prêter secours. «J’ai été profondément marquée par leur sang-froid, leur solidarité et leur efficacité. C’est à ce moment-là que j’ai su que je voulais faire ce métier», confie-t-elle.


Née à Domoni, sur l’île de Ndzuani, cette jeune femme souriante a grandi dans sa ville natale, où elle a effectué toute sa scolarité primaire à l’école privée Espérance de Domoni. Après un parcours secondaire couronné par un baccalauréat série D obtenu en 2017, elle s’oriente vers la formation en soins de santé à l’Ecole de médecine et de santé publique à Moroni. Soutenue par sa famille, elle dépose son dossier à la Direction générale de la sécurité civile (Dgsc) en 2021. Après un entretien concluant, elle est recrutée et entame sa carrière comme infirmière sapeur-pompier. Aujourd’hui, elle fait partie des équipes d’intervention d’urgence, suivant les ambulances sur les lieux d’incendies ou d’accidents. «Je m’occupe des victimes qui nécessitent un suivi médical, que ce soit lors d’un incendie, d’un accident de la route ou même en mer», explique-t-elle. Car Narhane ne se limite pas aux interventions terrestres : elle collabore régulièrement avec les équipes de la garde-côtière, notamment lors des accostages de grands navires. «Nous intervenons pour soigner les personnes malades à bord des bateaux. Ces missions exigent une grande coordination », raconte-t-elle.


Parmi toutes les interventions auxquelles elle a participé, une en particulier reste gravée dans sa mémoire. «Un incendie avait éclaté dans un quartier dense. Les alertes étaient tardives, et à cause des embouteillages, nous sommes arrivés alors que plusieurs enfants étaient déjà morts. C’était terrible… », se souvient-elle avec émotion. «Mais malgré la douleur, il faut rester fort. Notre rôle est de sauver, même quand la peur est là», reste-t-elle convaincue.Pour Narhane, être sapeur-pompier, c’est avant tout un engagement humain. «Ce métier m’a appris la patience, la solidarité et l’humilité. On ne fait pas de distinction entre les gens qu’on secourt. Chaque vie compte», confie la jeune soldate du feu. Mais entre les gardes, les interventions imprévisibles et sa vie personnelle, la jeune femme avoue que l’équilibre n’est pas toujours facile. «Les familles s’inquiètent, c’est normal. Mais c’est le métier que j’ai choisi. Je reste vigilante, prête à intervenir à tout moment», assure-t-elle. Pour elle, cette profession est une source de fierté et de courage. «Sauver une vie, c’est donner du sens à la sienne», conclut-elle, le regard déterminé.

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