logo Al-Watwan

Le premier journal des Comores

Portrait : Sitti-Echat Salim, la « rassembleuse »

Portrait : Sitti-Echat Salim, la « rassembleuse »

Société | -   Sardou Moussa

image article une
Peut-être serait-il simple de la définir comme une femme pragmatique, qui sait faire la part des choses. Si Sitti-Echat Salim ne s’est jamais lassée de son combat en faveur de l’émancipation de la femme, elle admet toutefois faire face à certains écueils. Comme déjà cette sorte d’indolence de la hiérarchie.

 

C’est une femme comme on n’en trouve pas partout à Ndzuani. La politique, ça ne la connaissait pas avant trois ans. Par contre, le militantisme associatif, notamment pour la défense des droits de la gent féminine, elle y baigne depuis un temps. “Je n’ai réellement commencé à faire de la politique que lors des dernières élections législatives, en 2014.  Et je m’y suis mise avec fougue : toutes ces réunions de quartiers pour persuader l’électorat, surtout féminin, c’était moi. La société civile par contre je l’ai intégrée bien avant. J’ai notamment milité au sein du Fawecom et de la Fcdh [Fondation comorienne des droits de l’homme]”, confie-t-elle. Aujourd’hui directrice de la promotion du genre au niveau de l’île, après avoir été élue conseillère municipale de sa ville de Mutsamudu, cette ancienne journaliste de la Radiotélévision de Ndzuani (Rtn), tente plus que jamais de mettre à profit ses talents de communicante et de militante politique et associative pour faire ce dont elle dit tirer sa grande fierté, à savoir “rassembler autour de la même table des femmes d’horizons divers”.

Elle dit, fièrement : “c’est vraiment grisant quand une femme arrive à prendre la parole en public, n’importe où. Mais ce dont je suis le plus fière, c’est quand j’arrive à rassembler des femmes de tendances politiques différentes pour la cause féminine. Et je suis parvenue à le faire plusieurs fois.” En cela, il n’y a rien d’étonnant pour qui connait la personne. L’on peut dire que cette quadragénaire, connue aussi pour son franc-parler, a sa propre manière de faire de la politique, qui ne convient d’ailleurs pas à tout le monde. Au sein du parti Juwa, dont elle est chargée des relations avec les femmes au sein de la coordination insulaire, elle a eu des difficultés à expliquer à certains camarades son choix de “fréquenter” des gens de “l’autre camp”, et de prendre part à certaines réunions féminines dédiées aux assises nationales.

Indolence de la hiérarchie

Peut-être serait-il simple de la définir comme une femme pragmatique, qui sait faire la part des choses. Si Sitti-Echat Salim ne s’est jamais lassée de son combat en faveur de l’émancipation de la femme, elle admet toutefois faire face à certains écueils. Comme déjà cette sorte d’indolence de la hiérarchie.

“Ce qui nous ralentit, c’est surtout le manque d’accompagnement des hauts dirigeants, aussi bien fédéraux qu’insulaires. Je ne sais pas si c’est dû à un manque de moyens, ou s’ils ne comprennent pas tout simplement la portée du concept d’autonomisation de la femme”, s’interroge-t-elle, à juste titre. Mais, pour que la sphère dirigeante, composée essentiellement d’hommes, prenne en compte les aspirations des femmes, ne faudrait-il déjà pas que les femmes elles-mêmes bougent ?

“Je crois que l’émancipation de la femme anjouanaise bute toujours contre la tradition et la religion. Et les femmes comme nous qui ont déjà emprunté ce chemin ont une vie familiale compliquée. Ce n’est pas du tout facile de concilier vie professionnelle, publique, à ses devoirs de mère et d’épouse comme le veut notre tradition. Les hommes ne nous comprennent pas. Ils voient le mal partout… Selon eux, le fait de côtoyer sans cesse des gens nous exposent à l’infidélité.”                            

Commentaires