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Prise en charge des enfants autistes I Le centre Tsa célèbre «deux ans d’engagement»

Prise en charge des enfants autistes I Le centre Tsa célèbre «deux ans d’engagement»

Société | -

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À Moroni, le centre Tsa Comores a célébré ses deux ans d’existence. Malgré des moyens limités, il offre aux enfants autistes un accompagnement unique et suscite l’espoir des familles.

 

Le centre Tsa (Trouble du spectre de l’autisme) Comores a célébré, le 15 août dernier, ses deux ans d’existence à travers une journée d’échanges qui a réuni familles, éducateurs, professionnels de santé et partenaires. L’événement a permis de comprendre les défis de la prise en charge de ce trouble neurodéveloppementale aux Comores, mais aussi les progrès enregistrés grâce au travail acharné de l’équipe et au soutien des parents. Dans un pays où aucune statistique officielle ne recense le nombre d’enfants atteints, le centre Tsa a tout de même permis, en deux ans, à une dizaine d’enfants de bénéficier d’un suivi adapté, qui a favorisé leur autonomie et leur inclusion sociale.


La journée s’est ouverte par une récitation du Coran effectuée par un jeune bénéficiaire, symbole de l’importance accordée à la spiritualité et au respect des valeurs locales. La directrice du centre, Mme Said Ali Manzel, est revenue sur les difficultés traversées, notamment le manque de moyens financiers. «Je ne vous cache pas qu’à un moment, j’ai pensé que nous n’y arriverions pas. Mais par la grâce de Dieu et grâce au soutien de ma famille et de nos partenaires, nous avons tenu bon», a-t-elle confié. Malgré les épreuves, les résultats sont tangibles : certains enfants arrivent aujourd’hui à s’occuper d’eux-mêmes, à partager, à se rendre aux toilettes ou encore à manger seuls.

Un appel à la solidarité

Quelques-uns ont même pu intégrer un parcours scolaire classique, une avancée considérée comme une véritable victoire. Mme Mohamed Hassane Hanane, professionnelle de santé au centre, a salué «la progression remarquable» observée chez les enfants suivis. Elle a insisté sur la nécessité d’un accompagnement constant et spécialisé, tout en rappelant que l’autisme est un trouble inné qui affecte la communication et les interactions sociales. Le psychologue du centre, Said Djae, a lui aussi souligné les réussites, en citant l’exemple de Fahim, un jeune adulte autiste diplômé en pâtisserie, et capable de prendre la parole en public. «Un enfant atteint d’autisme peut devenir indépendant, à condition d’un suivi adapté », a-t-il affirmé. Il en a profité pour rappeler aux parents l’importance d’identifier les signes précoces de l’autisme (comme une fixation prolongée sur une activité ou des comportements répétitifs), et d’envoyer rapidement leurs enfants dans des structures spécialisées.


Pour de nombreux parents, le centre a transformé leur quotidien. La mère du petit Mouigni Baraka a témoigné : «Je constate une grande différence. Mon fils communique mieux, il est plus poli et parvient à interagir avec les autres.» Malgré les succès, le centre Tsa Comores reste confronté à un manque de ressources. Les dons ne suffisent pas à couvrir les besoins, et le transport des enfants constitue un défi quotidien. La directrice appelle donc à la générosité. «Nous avons besoin de soutien pour continuer à donner un avenir à ces enfants. Un minibus, par exemple, serait d’une aide précieuse pour assurer leur présence régulière au centre», a-t-elle imploré. En deux ans seulement, le centre Tsa Comores a démontré qu’avec de la patience, de l’expertise et de la solidarité, l’autisme peut être mieux compris et les enfants concernés peuvent trouver leur place dans la société .

Toimayat Hassane Ali 

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