Une semaine après l’évasion des 23 prisonniers de la maison d’arrêt, sept évadés ont pu être capturés et ont réintégré la prison alors que les 16 autres se trouvent dans la nature. Cette évasion intervenue en début de soirée du mercredi 9 novembre dernier constitue la énième fois où les prisonniers se font la malle. Intervenues à plusieurs reprises au cours des périodes de forte chaleur, les évasions de détenus sont souvent liées à de nombreux éléments dont la question de la surpopulation carcérale caractérisée par la présence de 325 détenus pour un lieu conçu pour accueillir 120 personnes au maximum.
A en croire des informations qui circulent sur les réseaux sociaux, la surpopulation est criante au point qu’il est quasiment impossible aux détenus de dormir. A ce sujet, le directeur de la prison, Soilihi Said Ali ne cache pas les difficultés rencontrées au quotidien. “La prison est vraiment saturée, des solutions doivent être trouvées”. Pour cette édition 2022, d’autres éléments sont venus soutenir la “prison break”, il s’agit du manque d’eau, de nourriture et les maladies, en particulier, la gale. “Nous essayons de traiter la maladie (la gale), mais elle revient toujours car l’hygiène n’y est pas et la surpopulation carcérale n’aide pas non plus”, a déclaré le directeur de la prison.
Quant à la maladie de hernie qui est supposée être massivement présente à la maison d’arrêt, le directeur de la prison a laissé entendre qu’à sa connaissance, cela n’est pas le cas. “Les médecins ne m’ont pas encore fait part de cette information. S’il s’avère que des détenus souffrent de cette forme de maladie, elle n’a pas été contractée en prison”. Concernant la nourriture, les détenus sont ravitaillés une seule fois par jour, cependant, depuis plusieurs semaines, ce seul repas par jour n’est pas au rendez-vous. “Nous cherchons les moyens pour régler le problème”, a confié le directeur de la prison. Joint au téléphone pour expliquer ces moyens, le secrétaire général du ministère de la justice est resté injoignable.
Cette situation ne semble pas interpeller
Dépité par la situation de la prison de Moroni, Soilihi Said Ali ajoute que l’établissement est en alerte rouge. Il n’y a pas de dispositions prises pour améliorer la capacité d’accueil. “La question de la prison et des mauvaises conditions est récurrente au pays et cela depuis l’indépendance; et maintenant, elles ne font que s’empirer. Il n’y a pas de changement”. Excédé par ce manque de solutions en perspective, le directeur de la prison pense que l’opinion publique devrait s’en acquérir du sujet. “Il faut profiter de ces derniers événements pour alerter les autorités sur l’importance et l’urgence de la question car les juges ne pourront pas s’empêcher d’emprisonner. Les gens n’arrêtent pas de commettre des infractions et en retour, des détentions et des condamnations seront ordonnées”.
Jour après jour, les conditions de détention de la prison de Moroni se dégradent encore davantage. Les murs sont maculés et noircis par la moisissure. Une odeur infecte dûe au mélange des urines, des matières fécales et des moisissures se dégage des lieux. Cette situation ne semble pas interpeller les autorités.Et cela malgré la sonnette d’alarme des parquetiers et des Ong luttant pour l’amélioration des conditions des lieux de détention. “En cette période de chaleur, ajouté à la surpopulation, l’endroit devient invivable”, indiquent des témoins.
Le vieux bâtiment datant de l’époque coloniale demeure vétuste. Les eaux usagers stagnent, les murs imbibés d’eau et cela favorise les mauvaises odeurs, l’humidité et la multiplication des insectes et les maladies infectieuses. La prison est dépourvue du strict minimum d’hygiène.Des latrines ont été creusées, cependant, ces toilettes sont utilisables uniquement dans la journée. Le soir, les détenus sont contraints de faire leurs besoins dans des bouteilles et des sacs en plastique. Selon cet agent du service pénitencier, “les conditions de vie des détenus deviennent de plus en plus difficile”. Sa solution, est de suspendre les audiences afin de “limiter les nouveaux venus”.