C’est jeudi 28 mars dernier qu’a pris fin le procès en appel contre la compagnie Yemenia Airways, poursuivie en appel pour homicide et blessures involontaires après le crash de son vol la nuit du 30 juin 2009, au large des Comores. Cet accident avait causé la mort de 152 passagers, majoritairement des franco-comoriens. Après un moins de débats intenses, la cour a estimé que la compagnie était coupable. Ainsi le parquet a requis une nouvelle fois la peine maximale, assortie d’une amende de 225 000 euros (près de 111 millions de francs comoriens), a-t-on appris des avocats de la partie civile.
Me Saïd Larifou, l’un de ces avocats, n’a pas caché son soulagement. «Mes clients présents à la salle d’audience ont écouté avec satisfaction les réquisitoires des deux avocats généraux, qui non seulement ont plaidé pour la culpabilité de la compagnie Yemenia Airways, mais ont également demandé l’aggravation de la peine. C’est une satisfaction clairement exprimée par mes clients, et je partage pleinement le sentiment de justice qu’ils ont ressenti», a déclaré l’avocat, qui continue à pointer du doigt l’Agence pour la sécurité de la navigation aérienne en Afrique et à Madagascar (Asecna). Il a annoncé son intention de poursuivre le combat, persuadé que le crash aurait pu être évité.
Paix des familles
Du 4 au 28 mars, les familles ont une fois de plus vécu un nouveau procès riche en émotions, contraintes de ressasser ce passé douloureux. La plupart d’entre elles ont comparu devant la cour d’appel. Fahamiya Aboubakar a révélé avoir perdu quatre membres de sa famille, dont trois du côté maternel. Proche de sa cousine, elle ne la reverra jamais, tout comme les enfants de cette dernière. Leurs corps n’ont jamais été retrouvés.
La seule survivante de cette catastrophe aérienne, Bahia Bakari, a également été appelée à témoigner. Dès l’entrée dans l’avion, a-t-elle relaté, une forte odeur nauséabonde avait envahi l’intérieur de l’avion, au point de susciter la colère des passagers. «Le vol s’est déroulé sans incident majeur jusqu’au moment de l’atterrissage. Après les turbulences, je ne pouvais plus bouger soudainement et je ne voyais plus rien autour de moi jusqu’à ce que je me retrouve dans l’océan», a poursuivi Bahia, qui a perdu sa mère lors du crash, causé selon les experts par des erreurs de pilotage.
Si le verdict est attendu le 10 septembre prochain, les avocats de la défense n’ont pas indiqué vouloir se pourvoir en cassation si jamais la peine était confirmée. Une confirmation, c’est ce qu’attend l’association des familles victimes de ce crash. «Nous sommes rassurés par le réquisitoire de l’avocat général qui a été plus juste et humain. Juste en demandant la condamnation de la Yemenia, et humain en demandant que les victimes non françaises soient associées à ce procès et au jugement qui sera rendu», a réagi le président de l’association, Said Assoumani, qui espère que les familles trouveront enfin la paix.