Le samedi 17 mai dernier, une opération de destruction de cartons de volailles s’est déroulée à Itsundzu, dans la région de Washili. Ce n’est pas un fait inédit : chaque année, des cargaisons de produits carnés impropres à la consommation y sont acheminées pour y être détruites. Des camions transportant ces produits traversent la route Moroni-Itsandra jusqu’à ce site de destruction. En chemin, ils sont suivis par des individus cherchant à récupérer ces viandes, parfois avant même leur incinération. «C’est pour consommer ou revendre. D’ailleurs, elles ont meilleur goût que celles vendues dans les boutiques », affirme Charif, un habitué de cette pratique.
De sérieuses inquiétudes sanitaires
Mais ces comportements soulèvent de sérieuses inquiétudes sanitaires. Un agent de l’Institut national de recherche pour l’agriculture, la pêche et l’environnement (Inrape), ayant requis l’anonymat, prévient : «La destruction est dictée par des risques graves pour la santé. Même si aucune étude n’a encore été menée, les volailles impropres peuvent provoquer de graves maladies. Voilà pourquoi nous les brûlons avec du carburant, des pneus et du nylon.» Il appelle à une étude conjointe entre le ministère de la Santé et l’Inrape pour documenter les risques sanitaires liés à ces produits avariés.
Mais comment en arrive-t-on à ces destructions ? Selon nos sources de l’Inrape, plusieurs raisons peuvent motiver une telle mesure : des fuites de containers avant l’arrivée au port, des coupures de courant dans les chambres froides ou encore la détérioration des produits dans les entrepôts. Parfois, certains importateurs procèdent eux-mêmes à des décharges illégales, hors de tout cadre réglementaire. Omar Ibrahim Mzé, importateur de poulets basé à Moroni Château, confirme avoir été à l’origine de l’opération du 17 mai. «Ces produits étaient déjà avariés dans les containers. L’Inrape a interdit leur dédouanement et a encadré leur destruction», explique-t-il. Il précise que cette opération s’est déroulée en présence des agents phytosanitaires de l’Inrape, de la police nationale et de la gendarmerie.
L’adjoint au maire de Djumwashongo, Chamsoudine Mmadi, confirme également l’opération. «Après réception d’un courrier de l’Inrape, nous avons donné l’autorisation d’utiliser le site d’Itsundzu. L’opération a été conduite entre 15h et 19h, avec l’appui de la police municipale, des agents de l’Inrape et de l’armée», assure-t-il.Cependant, cette destruction ne fait pas l’unanimité. Bien que le site soit situé à la frontière entre les régions d’Itsandra et Washili, certains maires dénoncent un manque de coordination et de respect des procédures. Le maire de Mbadani, Ahamada Hamidou, appelle à une concertation régionale pour revoir les modalités de gestion du site. La mairie de Djumwashongo, quant à elle, rappelle à l’ordre tous les intervenants utilisant le site, leur demandant de respecter scrupuleusement le protocole établi par le comité de pilotage mis en place en 2012.
Moudjib M. Said Hamidou Ali