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Produits de première nécessité I Les prix repartent (encore) à la hausse

Produits de première nécessité I Les prix repartent (encore) à la hausse

Société | -   Adabi Soilihi Natidja

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La cherté et la rareté de certains produits se fait ressentir de plus en plus chez les citoyens. La spéculation sur les prix est devenue la règle chez les grossistes, demi-grossistes et vendeurs detaillants. En moins de quatre mois, les consommateurs font face à la hausse du prix de nombreux produits dont les ailes de poulet, le sucre, l’huile, les sachets et les allumettes. Les prix des produits de consommation de base ont connu une hausse de plus de 20% en l’espace de quatre mois Certains vendeurs renvoient la faute au gouvernement qui devrait, selon eux, «taper fort pour ramener les grossistes et les demi-grossistes à la raison».

 

Le vendeur ambulant Abou n’en finit pas avec sa crise de nerfs au sujet des prix des produits de base qui montent tous les jours. Retrouvé à Volo Volo, Abou est assis à côté de sa brouette remplie de produits divers dont des bouteilles d’huile et des paquets de biscuit pêle-mêlé. Le jeune homme semble suspendu dans le vide et refuse de parler avant de se raviser. «Les produits manquent partout surtout ici au marché de Volo Volo. Tout est cher ici. Les prix augmentent toutes les heures», reconnait-il, l’air désolé.

Une hausse de plus de 20% en quatre mois

«Comment peut-on laisser une telle situation perdurer sans aucune réaction des gouvernants, c’est le citoyen qui paie les pots cassés», dénonce l’épicier, hagard. Un petit tour dans les recoins du grand marché de la capitale nous a d’ailleurs permis de confirmer la triste réalité dénoncée par Abou. Les prix des produits de consommation de base ont considérablement augmenté. Certains ont connu une hausse de plus de 20% en l’espace de quatre mois.


Le kilogramme d’ailes de poulets est passé en effet de 1 000 francs à 1 250 francs voire même 1 350 francs. On apprend de la bouche de vendeurs rencontrés au marché que le litre d’huile végétale se vend actuellement à 1 100 francs à Moroni au lieu de 750 francs. La hausse du prix du litre d’huile intervient directement après celle du kilogramme du sucre. Il se vend à 850 francs le kilo au lieu 600 francs au cours des deux dernières semaines. L’anarchie des prix est telle que ceux-ci varient d’un vendeur à un autre. Le kilogramme de tomates est de 1 750 francs au petit marché de Moroni et à 2 000 francs à Volo Volo. Le prix du chou est de 1 500 francs, 2 500 francs celui des carottes, le beurre végétal Hayat est passé de 1 250 à 1 750, les sachets en plastique de 50 francs à 100 francs et la boîte d’allumettes à 50 francs au lieu de 25 francs.


Des produits carnés aux produits de première nécessité sans oublier les denrées agricoles et les légumes, il faut avoir le portefeuille bien garni pour remplir le petit sachet noir. La situation reste la même dans les boutiques à Moroni avec des différences prés au niveau des prix de certains produits sous la pression de la demande. Sachant que le phénomène de la hausse en cascade des prix n’est pas fortement ressenti dans les deux autres îles de Ndzuani et de Mwali.Abou fera savoir que le prix du sucre est en hausse car le produit devient de plus en plus rare mais il ne comprend pas pourquoi certains révisent à la hausse les prix de certains produits pourtant à gogo au marché. «Et l’huile, pourquoi c’est encore cher alors qu’il n’est pas rare mais on profite pour faire monter les prix», se demande l’épicier qui travaille depuis des années à Volo Volo.

Et il n’est pas le seul. Un peu plus loin au petit marché, au centre de la capitale, les propriétaires des boutiques sis aux alentours préfèrent se taire face au prix que leur imposent les grossistes. Les clients rencontrés sur place n’en reviennent pas sur la hausse anarchique des prix et l’indifférence des autorités.«Le silence des vendeurs face à la hausse du prix de l’huile est un peu suspect. Ils donnent toujours des raisons pour revoir les prix mais pas aujourd’hui. L’huile n’est pas rare. On le retrouve partout sur les stands des marchés. Mais du jour au lendemain, on nous impose ce prix. Et personne n’en parle. Cette situation ne semble inquiéter personne », regrette un jeune homme rencontré à l’entrée du petit marché de Moroni et qui a souhaité garder l’anonymat. Il poursuivra que : « c’est triste qu’on reste silencieux et qu’on accepte les prix que nous imposent les vendeurs. Doit-on croire que ces prix-là ne sont pas régulés ?». Des critiques sont formulées aux gros importateurs. «Le gouvernement doit taper fort sur la table pour ramener les grossistes et les demi-grossistes à la raison», suggère Abou.

A qui la faute ?

Comme toujours, les détaillants renvoient la faute aux grossistes. Nassurdine Ahmed, vendeur de tomates au petit marché de Moroni, expliquera que la hausse des prix a un lien avec ce qui se passe à la douane comorienne.«Le gouvernement n’arrive pas à s’organiser de manière à ce qu’il fasse lui-même les commandes de tous les produits pour qu’ensuite, on aille les acheter auprès d’eux. On impose de lourdes taxes à nos grossistes. Et ils n’ont pas le choix. Ils se trouvent dans l’obligation d’augmenter, à leur tour, les prix. Ce qui impacte tous les citoyens comoriens. Parce que si j’achète le sac de sucre à environ 15.000 francs, au lieu de 12.000fc, je serais obligé de vendre le kilogramme à 600 francs ou à 800 francs.

 

Tant que le gouvernement ne saura pas s’organiser, le quotidien du citoyen comorien deviendra toujours dure», a-t-il indiqué. Et ce n’est pas tout. La situation des denrées agricoles ne laisse personne indifférente. On retrouve le tas de 5 maniocs et tarots à 1 000 francs, 6 patates à 2 000 francs. Contrairement à la hausse des produits importés dont les vendeurs imputent «la responsabilité aux autorités à cause des taxes et de l’absence d’un cadre de régulation», le relèvement des prix de produits locaux a une toute autre explication.

La rareté des denrées agricoles s’explique, selon Mma Mzalendro, vendeuse au petit marché de Moroni, par la sécheresse qui s’abat dans le pays.
«On fait face à une sécheresse dans nos régions. On se retrouve actuellement dans l’obligation d’acheter l’eau pour nos citernes. Donc, certaines de nos plantations ne poussent pas bien. Ce que nous vendons, c’est ce qu’on avait planté il y’a six ou huit mois environ», a-t-elle avancé avant d’ajouter : «certains d’entre nous se disent qu’ils doivent vendre à faible quantité par jour afin que nos réserves puissent accompagner un peu ». La dame poursuivra que c’est ce qui explique aussi la baisse de la quantité des produits habituellement acheminés dans les marchés.


Ali Mbae, un agriculteur du nord de Ngazidja, connu sous le nom de Diop, estime, que plusieurs zones sont fortement exposées au risque d’une pénurie des produits agricoles pendant le mois de «Ramadhwani» à cause de «cette forte chaleur et la rareté des pluies».Le cultivateur expliquera les conséquences sur les bananiers face à cette situation. «Les rejets de bananiers poussent plus ou moins, mais le feuillage des bananiers est asséché. Il nous est difficile de faire repousser ces rejets car une chaleur intense et la rareté des pluies s’abattent sur le nord. Les effets du changement climatique se font ressentir», s’est-il plaint. 

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