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Produits de premières nécessités I Une abondance de produits et des prix abordables à la veille du Ramadhwani

Produits de premières nécessités I Une abondance de produits et des prix abordables à la veille du Ramadhwani

Société | -

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Les prix des condiments, par exemple, varient entre 750 et 1.500 de francs, d’autres produits de base se négocient sans difficultés. Les denrées sont en quantité importante dans les marchés comme à l’accoutumée en pareille période. Mais l’on se demande si cette tendance positive résistera à la magie des marchands qui ont toujours l’habitude de jouer les spéculateurs pour faire grimper les prix pendant cette période marquée par une hausse de la demande. Tour d’horizon dans les marchés de Moroni.

 

Maman Said commence toujours sa journée à Volo Volo par vérifier l’abondance ou non des produits acheminés au grand marché. Elle s’informe pour pouvoir réajuster ses propres prix. Elle vend des bananes, de maniocs et de tarots. «Je vends surtout des bananes car c’est rentable», admet-elle. Ce matin (jeudi 8 avril), elle s’est abstenue du rituel. Maman Said est restée assise sur son coin en train de coudre un bonnet. Elle ne cache pas sa colère à quelques jours du mois sacré de Ramadhwani.


La dame a appris, la gorge serrée, que des gens se rendent dans les zones agricoles pour négocier directement les prix avec les fournisseurs de bananes. «C’est un danger pour nous les vendeuses. Nos fournisseurs de bananes qui nous vendaient le sac de cinquante kilos à 6000 francs préfèrent jeter leur dévolu aux gens pour un prix allant de 8000 à 12 000 francs», regrette Maman Said. La dame exprime ses craintes de voir son produit se raréfier au risque de se négocier plus tard à prix d’or. «La banane est le produit le plus consommé pendant le ramadhwani», reconnait la quadragénaire.


Elle a d’ailleurs raison pour s’en inquiéter car l’abondance et la rareté des produits font la loi des prix. «Plus le produit est en abondance, plus les prix baissent», dit-elle. Et effectivement, c’est la réalité. À quelques jours du mois sacré de Ramadhwani, l’on remarque en effet qu’au marché, les prix des denrées de base sont loin de provoquer le tournis. Le consommateur réussit quand même à faire ses courses sans grincer des dents. Et tout cela parce que les produits sont en quantité importante. Actuellement, le kilogramme de farine est à 350 francs, celui de l’oignon à 750 francs, 900 francs pour l’ail de poulet, 900 à 1500 francs pour le thon - rouge ou blanc. Par contre, l’affluence n’est pas au rendez-vous dans les principaux marchés de la capitale Moroni.

Une abondance qui peut laisser place à une pénurie artificielle

Au grand marché de Volo-volo, les prix des féculents sont abordables, selon des acheteurs rencontrés sur place. Les consommateurs peuvent acheter un régime de banane à 1000 francs. Avec le même sourire au marché avec un tas de maniocs, d’ignames ou de patate douce. Mais le grand inconnu reste sans aucun doute les prix qui seront appliqués véritablement pendant le mois sacré car fournisseurs et détaillants entretiennent souvent une pénurie artificielle pour faire passer ensuite les prix à la hausse.
Beaucoup d’habitués des marchés craignent ce que redoute Maman Said. Il y a ceux qui font les stocks comme ceux qui s’approvisionnent directement auprès des fournisseurs dans les zones de production.

Certains se demandent si cette tendance positive des prix dans les marchés résistera ainsi à la magie des fournisseurs et des marchands. Ces derniers ont toujours l’habitude de jouer les spéculateurs pour faire grimper les prix pendant cette période marquée par une hausse de la demande.Des «coursiers» commencent déjà à s’interroger sur la forte probabilité d’une flambée des prix pendant le prochain mois du calendrier hégirien. Quelques vendeurs, notamment des viandes et volailles préviennent que «la hausse des prix de dépend pas de nous mais de nos fournisseurs». Des fournisseurs qui négocient actuellement avec des anonymes. «Pourquoi ces gens se présentent directement chez nos fournisseurs, veulent-ils faire des stocks et venir nous revendre après ?», se demande Maman Said, l’air désolé.


Daniel est jeune vendeur d’épices à Volo Volo. Il estime que le prix des produits carnets risque d’augmenter. Mais selon lui, ce sera à cause des frais exorbitants que devaient payer des commerçants à la Douane. «Ces derniers temps, on souffre pour pouvoir dédouaner nos produits. Souvent, on les récupère mais, dans un état de pourrissement. Nous espérons que les frais de douane soient revus en baisse sinon, on va devoir passer le kilogramme de l’ail de 1 500 à 3 000 francs», dit-il.
Pour l’heure, vendeurs et acheteurs observent un silence complice. Seul l’avenir contredira ou confirmera les données actuelles. Le mois de Ramadhwani a été toujours spécial, les structures des prix officiellement déclarées sont souvent mises de côté. Les acheteurs pointent du doigt les marchands alors que ces derniers dépendent de leurs fournisseurs.

Une structure des prix attendue

Si «ça ne tenait particulièrement qu’à moi, j’allais vendre le kilogramme de la viande rouge à 2000 francs pendant le mois», affirme un vendeur interrogé à Volo-volo. A la veille du mois sacré de Ramadhwani, les Comoriens ont l’habitude, pour ceux qui le peuvent, de faire de provisions. Certains évitent aller au marché tous les jours au marché au risque de se voir contraint d‘acheter des denrées à grand frais. L’abondance des denrées ne signifie pas que les prix resteront en l’état. «Il est difficile de juger les prix des produits vivriers pendant le mois du Ramadhwani», tranche Maman Said.

Par ailleurs, les prix de certains produits dépendent aussi d’une décision de l’autorité publique. Lors de son point de son compte-rendu hebdomadaire, le porte-parole du gouvernement, Houmed M’saidie, a indiqué que le Conseil des ministres s’était penché sur «les mesures à prendre exceptionnellement pendant le mois sacré, à tous les niveaux».A ce propos, il promet rendre publiques des mesures pour «faire baisser des prix des produits alimentaires de premières nécessités pendant le Ramadhwani».

Adabi Soilihi Natidja

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