Les premières assises de la filière Ylang sont ouvertes à Mutsamudu hier lundi, et seront clôturée demain mercredi 25 septembre. Elles sont organisées avec le soutien du projet d’appui aux filières d’exportation et au développement rural (Afidev), financé par l’Agence française de développement (Afd) et mis en œuvre par Expertise France, en étroite collaboration avec le ministère de l’Agriculture, de la Pêche et de l’Artisanat.Chaque atelier organisé pendant ces trois jours aborde un aspect spécifique de la filière. Le premier jour est consacré à la "Structuration de la filière ylang-ylang et au renforcement du dialogue public-privé ». Le deuxième jour porte sur la "Stabilisation des prix et la garantie de la qualité". Enfin, le troisième jour est marqué par deux ateliers : "Procédures du commerce extérieur" et "Accès aux marchés internationaux", suivis de la restitution des travaux et de la cérémonie de clôture.
Sur le plan organisationnel, ces assises sont pilotées par trois institutions : l’Interprofession comorienne de la filière Ylang-Ylang, l’Office comorien des produits de rente (Ocpr), et l’Association des exportateurs d’huiles essentielles d’ylang-ylang des Comores (Aeheyc). Cet événement réunit près de 200 participants, représentant l’ensemble des acteurs de la filière, pour échanger sur son avenir.
Lors de la cérémonie d’ouverture, le ministre de l’Agriculture, Daniel Ali Bandar, a mis l'accent sur l'importance d'une action collective. "Depuis la pandémie de Covid-19, les entreprises sont fragilisées. Les professionnels du secteur doivent s’engager fermement et, en cas de difficultés, solliciter les autorités compétentes. Il est essentiel de travailler en concertation pour prévenir les problèmes. Nous manquons de cadres, mais nous avons des pistes, et nous prévoyons de soumettre un projet de texte à l’assemblée en octobre. Pour soutenir le secteur, des outils ont été fournis, et nous continuerons nos efforts. Divers projets ont permis d’équiper les différents acteurs", a-t-il déclaré.
Issimaila Mohamed, directeur général de l’Ocpr, a souligné l’importance de l’événement. "Cette journée vise à revaloriser les huiles d’ylang-ylang, véritable richesse nationale. Elle soutient également tous les acteurs de la filière. L’objectif est de générer des revenus pour le pays", a-t-il affirmé. De son côté, Rastami Mouhidine, secrétaire général du gouvernorat de Ndzuani, a rappelé que la filière constitue un patrimoine à préserver. "Avec des milliers de producteurs, l’île aux parfums distille entre 100 kg et 1 tonne de fleurs par jour", a-t-il précisé.
La crise de 2019
Selon la documentation fournie, plusieurs facteurs sont à l'origine de la crise actuelle de la filière, qui n’exporte plus. Après une forte croissance du marché il y a quelques années, des pratiques de production inappropriées ont, selon ce rapport, sapé la confiance des acheteurs, tandis que la concurrence régionale s’est intensifiée. Entre 2017 et 2019, la demande a atteint son apogée, incitant les Comores à augmenter leur production avec des prix très avantageux. Cependant, un surstockage chez les acheteurs s’est formé, entraînant une baisse des commandes et donc une chute de la demande ces dernières années.
Les exportations ont ainsi chuté, passant de 5,4 milliards de francs en 2019 à 1,1 milliard en 2022, soit une baisse de 400 %. Le prix de la fleur est passé de plus de 2 000 francs par kilo à 250 francs tandis que celui des huiles a diminué de 4 000 francs par degré à 1 300 francs en moyenne. En comparaison, le coût moyen de production aux Comores varie entre 56 750 et 85 498 francs, contre 16 250 et 41 868 francs à Madagascar, premier producteur mondial. Cette disparité rend la concurrence difficile pour les Comores.
Mohamed Dhihari Majani, président de l’Aeheyc, a souligné l’importance de cet événement. "L’ylang-ylang est une source cruciale de revenus et d’emplois, ainsi qu’un levier pour le développement durable des Comores. Nous espérons que des solutions concrètes émergeront à l’issue de ces assises", a-t-il conclu.