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Produits de rente : l’Ocpr mise sur «une relance» des filières

Produits de rente : l’Ocpr mise sur «une relance» des filières

Société | -   Adabi Soilihi Natidja

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Face aux crises touchant les produits de rente, l’Ocpr déploie une stratégie nationale axée sur la structuration des filières, l’innovation commerciale et l’implication des producteurs locaux.

 

L’Office comorien des produits de rente (Ocpr) amorce un tournant stratégique pour relever les défis auxquels font face les principales filières d’exportation du pays : la vanille, le girofle et l’ylang-ylang. Alors que des stocks de vanille et d’essence d’ylang gisent dans les entrepôts des exploitants agricoles, et que le girofle a vu son prix dégringoler cette année, la direction de l’Office, dirigée par Alyane Anlim, assure travailler avec son équipe pour des solutions pérennes. «Nous menons une politique d’harmonisation de toutes les filières dans les îles», affirme ce dernier.


L’Ocpr, qui a succédé à l’ancien Office national de la vanille (Onv) à la mission plus restreinte, «s’attelle désormais à accompagner les trois grandes filières d’exportation comoriennes de manière équitable, en tenant compte des spécificités de chaque île ». «À Ndzuani, on parle souvent du girofle. À Mwali, c’est l’ylang-ylang et à Ngazidja, la vanille », précise le directeur. L’Office ambitionne donc une stratégie d’harmonisation nationale tout en respectant cette répartition géographique. Cette nouvelle orientation a pour objectif de mobiliser l’ensemble des acteurs économiques de ces filières, même dans les zones moins productives. Des campagnes de sensibilisation autour de l’ylang-ylang sont actuellement en cours dans les régions de Hambu et Mitsamihuli à Ngazidja, signe de cette volonté de dynamiser l’implication locale.


L’état général du secteur reste fragile. «La vanille et l’ylang traversent des crises. Nous disposons d’une grande quantité de vanille en stock », constate Alyane Anlim. Le girofle, en revanche, affiche de meilleures performances : 3 000 tonnes exportées en 2023, 4 000 en 2024, et une projection de 5 000 tonnes pour cette année. La production annuelle de vanille avoisine pour sa part les 150 tonnes, mais les difficultés à l’export freinent sa valorisation. Face à cette situation, l’Ocpr cherche à élargir ses débouchés commerciaux. «Nous sommes en discussion pour trouver des acheteurs, autres que ceux figurant déjà sur nos plateformes », explique la direction, évoquant des partenariats potentiels avec des plateformes internationales.

Former, équiper, structurer

L’objectif est clair : garantir un marché stable pour un volume estimé à 100 tonnes par an et écouler les stocks de 2023. Sur la question sensible de la fixation du prix de la vanille, l’Ocpr affirme avoir consulté l’ensemble des acteurs de la filière afin de soumettre des propositions aux autorités compétentes. Le prix malgache reste une référence incontournable. «Cette fois, on a même étendu nos champs de vision en consultant des acteurs ougandais, indonésiens, en incluant les coûts d’exportation, de packaging et les prix internationaux », fait savoir Alyane Anlim. Il insiste néanmoins sur un point fort : «En termes de qualité, la nôtre dépasse celle de Madagascar ».


L’une des missions centrales de l’Ocpr est d’accompagner les producteurs et exportateurs dans leur professionnalisation. « Nous appuyons les acteurs à travers les formations, la fourniture d’équipements pour améliorer la qualité des produits», indique le directeur. L’institution agit également comme facilitateur commercial, « en mettant les exportateurs en lien avec plus de 244 acheteurs potentiels, notamment dans la filière vanille ».


En parallèle, des conseils de filière ont été mis en place pour discuter des prix, des stratégies et de l’accès aux foires internationales. Le but : diversifier les marchés cibles (Afrique, monde arabe, Asie) et les produits à fort potentiel.
Au-delà des mesures conjoncturelles, l’Ocpr déploie une stratégie nationale de relance et de modernisation. Parmi les projets phares figure la construction d’un centre d’achat et de transformation de la vanille à Shamle, destiné au stockage et à la valorisation locale du produit. L’Office prévoit également l’identification géographique, la digitalisation des filières, ainsi que l’obtention de certifications biologiques pour renforcer la compétitivité sur le marché international.
Ces initiatives sont menées en collaboration avec l’Office comorien de la propriété intellectuelle (Ocpi) et l’Afidev (Appui aux filières d’exportation et au développement rural), afin d’augmenter la valeur ajoutée des produits comoriens à l’exportation.

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