logo Al-Watwan

Le premier journal des Comores

Produits de rente : Une journée de concertation autour de la filière ylang

Produits de rente : Une journée de concertation autour de la filière ylang

Société | -   Sardou Moussa

image article une
Plusieurs acteurs et intervenants de la filière ylang-ylang, venus de Ngazidja et de Mwali, se sont joints à leurs confrères de Ndzuani avant-hier mardi à Haïbara, pour réfléchir ensemble sur le devenir du secteur. Organisée par les associations ID (Initiative Développement) et 2 Mains, grâce à l’appui financier du Service de coopération et d’action culturelle de l’ambassade de France et du programme Biodiversité de la Commission de l’Océan indien, cette “journée de concertation” devait permettre de voir comment “améliorer les appuis fournis à la filière par les différents intervenants”.

 

L’atelier a été ouvert par le commissaire de la Gouvernance financière de Ndzuani, assurant l’intérim du gouverneur, en présence des commissaires de la production des exécutifs de Ngazidja et de Mwali, de représentantes de l’ambassade de France et de l’Agence française de développement, notamment.

Après divers exposés sur la filière, trois groupes de réflexion ont été formés, pour se pencher sur la “professionnalisation” des métiers de l’ylang, leur “organisation” ainsi que l’optimisation des “ressources eau, bois et fleur d’ylang”.

Les métiers de l’ylang souffriraient notamment de matériel abîmé, de perte de savoir-faire, de  désintérêt des jeunes ou encore de peu de rentabilité. Pour sa professionnalisation, il a été recommandé d’identifier déjà le matériel faisant défaut, élaborer un guide pratique de la distillation, former continuellement les jeunes distillateurs notamment en entrepreneuriat, et introduire une carte professionnelle pour les travailleurs de la filière.   

Création d’une fédération

Volet “ressources”, le groupe de réflexion a notamment proposé de doter les unités de distillation d’un “circuit fermé” emprisonnant l’eau, de récupérer les eaux de pluie et de continuer le reboisement.

Et pour ne pas manquer de bois, le reboisement s’invite de nouveau, ainsi que l’introduction des “bacs à bois”. Il a été aussi suggéré de “tailler les branches” au lieu d’ “arracher l’arbre” tout entier. Et pour l’abondance de la fleur d’ylang, rien de tel que l’augmentation de la plantation, son renouvellement ou encore son association avec d’autres plantes vivrières. 

Enfin, s’agissant de l’organisation, les conférenciers ont proposé la création d’un organe non étatique, regroupant les acteurs de la filière, et qui aurait pour missions l’information et la sensibilisation des adhérents, la concertation ainsi que la lutte contre le frelatage de l’huile d’ylang.

Cette sorte de fédération devra également déterminer le prix de l’essence au niveau intérieur, et adopter un protocole de test contre le frelatage, avec l’assistance technique de la faculté des sciences de l’Université des Comores.

Le frelatage, justement, a nourri une partie importante des débats. Un participant a voulu savoir ce qui est généralement fait de l’huile frelatée une fois attrapée, s’étonnant qu’elle ne soit jamais “jetée”. Un autre a directement accusé les “distillateurs rebelles qui se voient offrir des alambics gratuits par certaines organisations” d’y être derrière, et de “concurrencer déloyalement les producteurs honnêtes”.

En tout cas il s’est avéré que, malgré le lourd préjudice que le produit trafiqué causerait à la filière, il serait jusqu’à présent sciemment collecté et exporté par des sociétés de la place. D’ailleurs, le représentant d’une de ces sociétés, présent dans l’atelier, a reconnu l’avoir fait jusqu’à il y a un an. Selon lui, il appartient surtout aux producteurs locaux d’enrayer la pratique.

Notre pays serait toujours le premier exportateur mondial d’huiles essentielles d’ylang-ylang, malgré une forte baisse de sa production. Elle produirait en effet entre trente et quarante tonnes par an, soit moins que le quart du volume de production des années quatre-vingts.

Commentaires