Il est recommandé de changer les filtres à diesel tous les 30 000 à 40 000 kilomètres, mais à Moroni, de plus en plus de conducteurs sont contraints de les remplacer bien plus fréquemment. Ce phénomène commence à inquiéter des automobilistes. Tadji, chauffeur de transport en commun, remarque que le changement de filtres est devenu une routine depuis la semaine dernière. Il se souvient en avoir remplacé deux fois en très peu de temps. «J’ai dû acheter deux filtres entre jeudi et dimanche.
La qualité du diesel fourni à la pompe dans la capitale engendre des dépenses supplémentaires. Personne n’est en mesure de réclamer des compensations après un tel incident. Ce sont uniquement les conducteurs qui en paient le prix», déplore-t-il. Il est désespéré face à «l’absence de contrôle objectif ni de la société comorienne des hydrocarbures, ni des stations-service pour identifier la cause de ces changements brusques de filtres». Après avoir observé l’huile, il a constaté que le gas-oil dans son réservoir était «très léger, comme un mélange, mais sans aucun signe d’eau en suspension ou au fond du réservoir». Il s’interroge enfin sur le niveau où un mélange pourrait se produire.
Contacté à ce sujet, un propriétaire de station-service, qui a souhaité garder l’anonymat, n’est pas catégorique dans la défense de certains points de vente non contrôlés. Il affirme cependant que les produits distribués par la Société comorienne des hydrocarbures (Sch) « ne sont plus analysés lors de la livraison » dans les stations-service. «Aucune station n’est capable de prélever des échantillons pour procéder à des analyses. Il est temps, pour le bien de tous, de mettre en place une institution qui jouerait le rôle de régulateur entre la Sch et les usagers. La Sch est à la fois joueur et arbitre dans le même match. Sinon, est-ce que le gouvernement nous aiderait à exporter des échantillons prélevés lors de la livraison ?», s’interroge-t-il.
Et les jerricans…
De son côté, la Sch met en avant les certificats délivrés après l’analyse de ses produits dans des laboratoires étrangers. Ahmed Soudjayi Kifia, conseiller en relations publiques auprès du directeur général de la société, rappelle que celle-ci dispose d’un laboratoire d’analyse qui contrôle la qualité avant la distribution de ses produits aux stations. «Nous avons des certificats d’origine et de qualité avant de passer commande. Un certificat nous est remis avant de réceptionner un pétrolier pour nous assurer que les citernes sont bien nettoyées. Nous envoyons également des échantillons à l’étranger pour obtenir une garantie», explique-t-il.Il précise que la Sch livre des produits certifiés aux stations et points de vente. Selon lui, la qualité d’un jerrican de cinq litres de gasoil vendu dans les rues ne devrait pas engager la responsabilité de sa société.