Me Jean Gilles Halimi, un des avocats de l’ancien président Ahmed Abdallah Mohamed Sambi, a, “au nom de son client”, déposé au parquet de Paris une plainte contre X. Cette plainte qui est arrivée au parquet du tribunal judiciaire de Paris, le 8 décembre dernier, a visé trois ministres, Dhoihir Dhoulkamal, Djaé Ahamada Chanfi et Houmed M’saidie pour “subornation de témoin” supposée.
Cette saisine de la justice française intervient dix jours après la décision de la Cour de sûreté de l’Etat condamnant l’ancien président Ahmed Abdallah Mohamed Sambi à la prison à perpétuité. Ce témoin dont au moins les deux ministres ont rencontré et contacté n’est autre que l’accusé Bashar Kiwan, considéré comme “élément moteur du programme de citoyenneté économique”, condamné par la Cour de sûreté de l’Etat à dix années d’emprisonnement et d’une amende de deux millions de francs comoriens.
Sur cette plainte, l’ancien président demande au procureur de Paris d’engager des poursuites contre ces faits de subornation supposée de témoin et toute autre infraction qui surgira au cours de l’enquête. Quant aux personnes visées par cette plainte, “l’avocat demande également au parquet d’identifier tous les autres auteurs, complice ou donneur d’ordre de ces infractions afin qu’ils répondent de leurs actes”.
“L’article 434-15 du code pénal français”
Pour amener le parquet à engager les poursuites, l’avocat a rappelé sur cette plainte que ces faits supposés de subornation de témoin sont “commis sur le territoire français” et sont également prévus et punis par “l’article 434-15 du code pénal français”. Quant à l’objet de cette plainte, l’avocat informe l’auteur de la poursuite que ces trois ministres, à commencer par Dhoihir Dhoulkamal, “a pris rendez-vous avec Bashar Kiwan, à Paris au mois de juillet et lui a en réalité demandé explicitement d’effectuer un faux témoignage à charge contre Sambi”, selon Jean Gilles Halimi. Une hypothèse rejetée par le ministre Dhoihir Dhoulkamal sur une vidéo disponible sur la chaîne Cmm (https://fb.watch/hn-NJg0w04/) . Le contenu des échanges entre les deux ministres et Bashar Kiwan ne sont pas jusqu’ici connus. L’avocat de Sambi n’a pas livré des éléments de preuve, justifiant que les deux ministres demandaient effectivement “un faux témoignage contre Sambi” comme il le laisse penser.
Cette plainte adressée au procureur parisien mentionne également “qu’un autre rendez-vous a été pris, le 27 octobre, cette fois avec deux ministres, Dhoihir Dhoulkamal et Djaé Ahamada Chanfi pour les mêmes raisons”, selon toujours les dires de l’avocat de l’ancien président. Les deux ministres ont reconnu avoir rencontré Bashar Kiwan mais que “cela n’avait rien à voir avec un quelconque faux témoignage”, ajoutant que “c’est Bashar qui voulait négocier un abandon de poursuites, lui avec ses hommes de la Bfc, en contrepartie de la transmission de documents attestant les écritures financières du programme de citoyenneté”. Mais, “cette demande de Bashar, selon les deux ministres, “a été rejetée car cela ne pourrait pas être possible et qu’il devrait aller à la barre s’expliquer”.
Jean Gilles Halimi, se fondant sur de messages WhatsApp non authentifiés, a, par ailleurs, fait également savoir que le ministre Houmed M’saidie aurait “échangé avec Bashar Kiwan via la messagerie WhatsApp”. Ce dernier a nié avoir eu des échanges avec l’homme d’affaires franco-syrien, ajoutant “n’avoir jamais échangé avec Bashar Kiwan via WhatsApp”. Le ministre Houmed M’saidie a porté plainte à Paris pour “usurpation d’identité, allégations mensongères et des faux échanges de messages sur WhatsApp”, entre autres.