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Projet géothermie à Ngazidja I Existe-t-il le potentiel hydraulique et un risque environnemental ?

Projet géothermie à Ngazidja I Existe-t-il le potentiel hydraulique et un risque environnemental ?

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Dans un document de projet, dont Al-watwan détient une copie, il est noté que l’installation du réservoir de stockage d’eau est indispensable au refroidissement pendant les opérations de forage, «avec une consommation de près de trois mille litres par minute». Soit près de 72 mille litres en 24 heures, ce qui équivaut à cinq fois la production hydraulique journalière de la Sonede

 

Le projet «développement durable à travers la promotion des ressources en énergie géothermique» envisage la construction des citernes pour la collecte des eaux pluviales en vue de refroidir les centrales géothermiques ou les engins destinés aux forages. Une information annoncée cette année par les experts locaux avant de vanter les avantages que va tirer le pays après l’achèvement dudit projet.

«Cela va permettre à l’Etat d’économiser par an environ huit milliards de francs comoriens, de se doter d’une production initiale de 10 Mw d’énergie géothermique et d’éviter à peu près 1,8 million de tonnes d’équivalence en Co2», font croire les responsables chargés du dossier. Malgré l’idée d’éviter une telle quantité d’équivalence en carbone qui pourrait faciliter de remplir les engagements comoriens par rapport à l’accord de Paris sur le climat. Certains défenseurs de l’environnement restent sceptiques par rapport à certains détails.

Trois mille litres par minute

Un défenseur de l’environnement doute du «risque élevé» de dérégler un ou des écosystèmes aux abords de Bahani-soufrière. «Ces travaux nécessitent la collecte d’une quantité considérable d’eau capable de dérégler un ou des écosystèmes. On nous parle, par exemple, de milliers de mètres cubes en une minute pour pouvoir refroidir les engins destinés aux forages», se soucie-t-il.


Dans un document produit dans le cadre du projet, dont Al-watwan détient une copie, il est noté que l’installation du réservoir de stockage d’eau est indispensable au refroidissement pendant les opérations de forage, «avec une consommation de près de trois mille litres par minute». Soit près de 72 mille litres en 24 heures, ce qui équivaut à cinq fois la production hydraulique journalière de la Société nationale d’exploitation et de distribution des eaux (Sonede).


Le document relatif au programme de la géothermie, il est mentionné que les trois forages exploratoires devront être situés à une altitude de plus de 1.500 mètres et atteindre une profondeur de 2.500 mètres à quelques kilomètres au nord de la soufrière. «L’étude d’impact environnemental est nécessaire pour permettre d’assurer que les écosystèmes et le milieu en général seront préservés», peut-on y lire.

Pourtant, le patron du Bureau géologique des Comores (Bgc), a évoqué, lors du 2e comité du pilotage de ce projet, les gros chantiers à engager notamment les citernes pour la collecte des eaux pluviales en vue de refroidir les centrales géothermiques.

245 m3 d’eau par jour

Reste à se demander si l’île de Ngazidja détient réellement le potentiel hydraulique pour mener à bien le projet sans compromettre un ou des écosystèmes. Joint au téléphone, un des cadres du projet «développement durable à travers la promotion des ressources en énergie géothermique», Alilwafa indique que des études sur l’impact environnemental ont été menées pour essayer de tout prévoir. «Par rapport à l’eau, l’impact est vraiment minime au niveau de l’environnement. Les zones où sont prévus les forages ne couvrent aucune activité humaine, ni de l’agriculture ni de l’élevage. La quantité d’eau à s’en servir ne sera pas puisée dans les stations de pompage de la Sonede. Aucun impact environnemental lié à la collecte de l’eau», explique-t-il.


Alilwafa admet que les travaux nécessitent une quantité importante d’eau, mais il reste convaincu que l’île de Ngazidja a les ressources hydrauliques inhérentes à recueillir une telle quantité. «Cette quantité d’eau va nous permettre de refroidir les engins destinés aux forages. Après les forages, on pourra se servir de cette même quantité pour alimenter les zones agricoles ou autres. On a prévenu trois forages pour les dix premiers mégawatts et chaque forage nécessite 67 500 m3», indique-t-il. A l’en croire, pour un seul forage, le besoin d’eau s’élève à 245 m3 par jour.Ce qui correspond à 17 fois la production journalière des stations de pompage de la Sonede.


Un des cadres du projet précise que des études de pluviométrie sont prévues pour ce mois de juillet afin de décider l’option finale pour collecter la quantité d’eau nécessaire. «Pour le premier scénario, nous envisageons la collecte des eaux pluviales à travers des impluviums. Une 2e option, des poches d’eau souterraines ont été détectées lors de nos premières études, mais il reste une confirmation de l’existence de l’eau via des études poussées. Pour la 3e solution, c’est de procéder au pompage de l’eau de mer, mais c’est une solution faisable avec des coûts élevés», démontre-t-il. Il y a lieu de savoir si la possibilité d’un dérèglement de certains écosystèmes pourrait être épargnée.

 

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