Certains l’ignorent peut-être pourtant, mais les câbles sous-marins attisent les convoitises de grandes puissances. Selon une étude, 99% des communications électroniques intercontinentales transitent par les câbles sous-marins. Ce chiffre, cité par le très sérieux magasine, le Monde diplomatique, dans son numéro de juillet 2021, démontre à quel point, les câbles revêtent une importance capitale. C’est la raison pour laquelle, le bureau des Nations-unies contre les crimes et la drogue (Onudc) en collaboration avec la commission de l’Océan indien appuient les pays de la région dans l’élaboration de plans nationaux de protection et de résilience des câbles sous-marins.
200 incidents par an
Aux Comores, le sujet a fait l’objet d’un séminaire d’une journée à laquelle avaient pris part différents acteurs. “ L’objectif est d’avoir un plan national la de protection. Car il existe déjà un document cadre”, a expliqué, le chef du département câble sous-marin au sein de Comores câbles, Elhad Kassim.L’Onudc a déjà appuyé des pays de la région. C’est le cas des Seychelles et de l’Ile Maurice. A en coire, Rose Poreaux, experte dépêchée à Moroni, à cette occasion, chaque année, on recense entre 150 à 200 incidents qui touchent les câbles sous-marins. Les raisons sont multiples. Les dégâts peuvent être naturels ou accidentels voire intentionnels dans la mesure où il s’est avéré même que les services de renseignements s’intéressent aux données transitant dans ces voies maritimes hautement stratégiques. Pour le moment, le pays a été épargné. Mis à part un ou deux incidents isolés, sans conséquences.
Mais cela ne doit pas empêcher la mise en place d’un dispositif de prévention, ont souligné les acteurs qui ont assisté au séminaire de ce mardi. Comores câbles qui assure la gestion les câbles nationaux a déjà pris quelques mesures de protection. Parmi elles, le recrutement d’agents de sécurité pour surveiller la station d’atterrissage d’Itsandra, la surveillance par les gardes côtes dans les zones où passent les câbles.
La résilience est importante parce que parfois les travaux de réparation peuvent prendre un mois ont insisté les acteurs conviés pour élaborer le plan national de protection des câbles. Généralement, c’est dans les zones côtières, où le risque d’accident reste élevé en raison surtout des activités halieutiques.Rappelons que les Comores sont connectées à 4 câbles : Eassy, Comoros domestic (câbles inter-îles), Avassa et enfin Fly-Lion 3. Un 5ème câble pourrait relier l’archipel, à partir de 2024. Il s’agit du câble 2Africa, réunissant de nombreux opérateurs et géants du net notamment China Mobil, Facebook ou encore Orange.
4 câbles
“Certes, dans les consortiums, il y a des assurances, mais un accident peut avoir des conséquences considérables. D’où la nécessité de protéger les câbles”, a plaidé, le directeur technique de Comores câbles, Ibrahim Boina. “Nos sociétés ultra connectées sont dépendantes d’un réseau de câbles sous-marins qui constituent une colonne vertébrale du trafic des télécommunications. Toute perturbation et ou destruction pourrait avoir des répercussions dramatiques sur la stabilité économique ainsi que la sécurité”, a renchéri le secrétaire général du ministère des Postes, Ali Mohamed. Si quelques dispositifs de sécurisation existent, on ne peut pas en dire autant sur le côté juridique.
Excepté quelques dispositions incluses dans le code de la marine marchande, aucun cadre juridique sur la question des câbles sous-marins. “Dans la loi sur les communications électroniques de 2014, les câbles ont été abordées mais seulement sous l’aspect technique”, a noté, le chef du département juridique de l’Anrtic, Ahamada Djinti. Face à ce vide, certains acteurs préconisent une loi spécifique.