C’est la saison du litchi. Une saison très attendue chaque fin d’année, mais qui pose de nombreux défis aux familles productrices. Car si ce fruit est très apprécié localement, la filière reste largement organisée selon des méthodes traditionnelles (surtout au niveau de sa protection contre les chauves-souris et les autres animaux nuisibles), qui contrastent avec les pratiques modernes utilisées dans les pays voisins.En effet, dans les localités où ils sont produits, la préparation des litchis demande une présence constante sur les champs. Certains producteurs quittent leur domicile pendant plusieurs semaines pour assurer la surveillance des arbres et la protection des fruits. À M’kazi, Maman Nairati explique : «La production est arrivée, mais je n’ai personne pour m’aider. Je vends des tomates, des oignons et des cocos secs au marché, et je ne sais pas comment gérer ces deux activités. Je dois m’installer au champ tant que les fruits mûrissent.»
Ces contraintes affectent particulièrement les femmes, qui doivent concilier leurs activités commerciales et la récolte des litchis, souvent pendant la période des mariages, très chargée. Or contrairement à Madagascar ou à La Réunion, où les producteurs utilisent des répulsifs sonores et des épices pour éloigner les animaux, les Comoriens protègent leurs litchis avec des techniques artisanales. Maman Armia témoigne : «Je protège mes litchis avec des filets en moustiquaires, des fers, des tôles et de petites marmites pour faire fuir les animaux sauvages.» Ces méthodes, bien qu’efficaces à petite échelle, demandent une surveillance constante et ne permettent pas toujours d’éviter les pertes.
Interrogé à ce sujet, le président de la Chambre d’agriculture, de l’élevage et de la pêche, Abdillah Msaidie, estime qu’il est nécessaire d’accompagner les producteurs. «La question concerne l’ensemble des acteurs : le gouvernement, les responsables de filières et surtout les agriculteurs. Il est nécessaire de protéger la production pour améliorer les rendements », affimre-t-il. Et de rappeler ensuite que «dans les pays voisins, la filière est structurée, encadrée par des taxes et des redevances, ce qui permet un soutien technique aux producteurs, tandis qu’aux Comores, un tel dispositif fait défaut »La Chambre d’agriculture prévoit cependant, toujours selon son président, de sensibiliser les producteurs aux nouvelles méthodes de protection, comme les systèmes sonores employés à Madagascar et à La Réunion pour éloigner les nuisibles.Des équipements pourraient également être mis à disposition des agriculteurs afin de faciliter leur acquisition. Enfin, Abdillah Msaidie a appelé le gouvernement à «soutenir la filière litchi, à l’image de ce qui est fait pour l’ylang-ylang, le girofle ou la vanille, afin de permettre une production structurée et orientée vers l’exportation».
