Alors que les prix du gaz continuent d’augmenter et que le pétrole lampant se fait parfois rare, de nombreux ménages n’ont d’autre choix que de se tourner vers le bois pour faire la cuisine. Un retour alors contraint vers cette ressource naturelle, qui accélère l’appauvrissement des massifs forestiers. « Le déboisement sur notre île ne se limite pas à l’usage domestique du bois. Il est aussi lié à la construction, à l’agriculture sur brûlis et à la vente pure et simple de bois », indique Mbechezi Elamine, directeur général de l’Environnement. Selon lui, l’enjeu dépasse le simple confort des foyers : c’est la survie des écosystèmes, et donc la prévention des catastrophes naturelles comme les inondations, qui est en jeu.
Un usage ancré dans les habitudes des Comoriens
Pour faire face à cette pression accrue sur les ressources forestières, la direction de l’Environnement entend renforcer la coopération avec les collectivités locales, les préfectures et les forces de sécurité. Des enquêtes sont prévues dans les foyers pour mieux cerner les habitudes et proposer des alternatives. Des sanctions sont également envisagées pour ceux qui contreviennent aux dispositions de protection. «Notre mission est de protéger l’environnement pour le bien de tous. Nous lançons également des projets de reforestation, car chaque arbre planté est un pas vers la préservation de notre territoire», a ajouté le directeur.
Si certains ménages sont passés au gaz ou au pétrole, l’usage du bois reste profondément ancré dans les habitudes, notamment lors des cérémonies. « Même lors des mashuhuli [festivités liées au mariage traditionnel], on préfère cuisiner au bois, cela donne un goût particulier », confie Nazda Aladine. Pour Maman Mariama, habitante de Kanzile, «le recours aux fagots est une nécessité, surtout quand on est pressé ou quand les autres sources d’énergie ne sont pas disponibles ».
La direction générale de l’Environnement espère que la campagne de sensibilisation saura alerter les consciences et encourager des pratiques plus durables. Car «au rythme actuel, c’est tout l’équilibre écologique du pays qui est en péril ».
Touma Said, stagiaire