A l’occasion de la première série d’activités marquant la célébration du cinquantenaire de l’indépendance, le chef de l’Etat a déroulé, au Palais du peuple, son bilan à la tête de l’Union africaine entre 2023 et 2024, en présence de nombreux ambassadeurs accrédités aux Comores et de hauts cadres du pays.Azali Assoumani s’est félicité d’avoir mis l’Afrique au cœur des grands agendas internationaux en permettant au monde entier de se faire une image nouvelle d’un continent en pleine dynamique de transformation sociale, économique et diplomatique : «Nous avons, en effet, favorisé les avancées significatives enregistrées en matière de diplomatie avec le renforcement de la position de l’Afrique sur la scène internationale et en matière d’intégration continentale», a, d’entrée, souligné le chef de l’Etat. «En effet, porter la voix du continent africain, pendant une année a été un grand honneur pour notre pays, l’Union des Comores, et pour moi-même mais aussi un immense défi à relever, car il s’agissait de servir une Afrique debout, résolue à affirmer sa souveraineté, sa dignité et son unité», a-t-il indiqué.
Le président de la République a résumé son bilan en cinq grandes actions majeures qui ont rythmé son marathon diplomatique dans les quatre coins du monde pendant les douze mois de la présidence comorienne de l’Ua. Il s’agit, selon lui, de «l’accélération de la mise en œuvre de la Zone de Libre-Echange Continentale Africaine (Zlecaf), une réforme juste et inclusive de la gouvernance mondiale, un meilleur accès aux financements du développement», mais aussi, «une reconnaissance de la dette climatique que le monde doit à l’Afrique et pour que notre continent ait sa place pleine et entière au Conseil de sécurité des Nations unies».
L’économie en tête
Le chef de l’Etat dit avoir compris les forces et les défis de l’Afrique. Raison pour laquelle, il a d’abord placé l’économie en tête de ses actions en accélérant le projet d’une zone de libre-échange continentale (Zlecaf) et dont la création allait booster les échanges, faciliter le commerce intra-africain, inciter l’arrivée de capitaux dans le continent et impulser des dynamiques d’industrialisation et de promotion des secteurs générateurs d’emplois et de richesses. «C’est pourquoi, tout au long de notre présidence, nous avons consolidé le plaidoyer pour une Afrique qui produit, qui transforme et qui exporte», a-t-il expliqué.
Gouvernance mondiale
Azali Assoumani affirme, également, avoir aidé à porter la voix des pays insulaires au cours de son mandat avec, comme objectif, de permettre au monde entier de reconnaitre la vulnérabilité grandissante des îles et des archipels confrontés à la dure réalité climatique et son impact négatif sur leurs économies. «Nous avons parlé d’une seule voix lors du premier Sommet africain sur le climat en septembre 2023 à Nairobi et à la COP28 à Dubaï, en décembre de la même année, pour réclamer justice et action, avec la conviction que l’Afrique ne peut plus être le continent qui subit mais doit devenir celui qui propose, innove et agit pour la planète», a-t-il martelé.
«La problématique liée à l’économie bleue et au changement climatique, en particulier dans les Etats insulaires en développement d’Afrique, a été également l’une de priorités de ma présidence», a-t-il tenu à rappeler : «Nous l’avons affirmé lors de la conférence ministérielle sur l’économie bleue et l’action diplomatique qui s’est tenue à Moroni, du 12 au 14 juin 2023», a ajouté le chef de l’Etat qui a, par ailleurs, évoqué le travail mené pour faire la promotion du genre. «J’ai parrainé le lancement, aux Comores, de l’initiative «100 millions de Micro, Petites et Moyennes Entreprises en Afrique», ainsi que la «3ème Consultation des Femmes Leaders Africaines sur la Masculinité positive».
Le troisième volet de l’action du président est le plaidoyer en faveur d’une réforme de la gouvernance mondiale : «Nous avons également plaidé, sans relâche, pour une révision des règles du jeu financier international : pour un accès plus équitable aux DTS (Droits de tirages spéciaux, ndlr), pour une taxation mondiale plus juste, pour une gouvernance des banques multilatérales où l’avis et la voix de l’Afrique comptent».
Durant la présidence comorienne de l’UA, Azali Assoumani a consacré une bonne partie de ses rencontres à plaider en faveur d’une vraie architecture financière mondiale pour plus de financements aux pays en développement. «Lors de l’allocation générale de DTS de 2021 équivalant à environ 650 milliards de dollars américains, répartis entre ses membres, les Comores ont reçu une allocation de 24 millions de dollars américains en DTS», avait écrit, à ce propos, le coordonnateur de la communication à Beit-Salam, Ahmed Ali Amir, dans un article intitulé «Azali et la finance internationale» publié dans Al-watwan N°5188 du mercredi 28 mai 2025. «Le chef de l’État a, ainsi, pris part aux forums économiques, multiplié les rencontres bilatérales, et appelé les dirigeants des institutions financières internationales à repenser les mécanismes et normes qui régissent les flux de capitaux, à évaluer les modalités de gestion de la dette, à revoir les paradigmes de la coopération monétaire et à réinventer les instruments de financement du développement, notamment en Afrique», avait précisé Ahmed Ali Amir, citant des rencontres internationales notamment à Washington, Rome, Tokyo, Paris, New Delhi, Abidjan et à Sharm el-Sheikh, en Egypte, entre autres.
Dans son discours-bilan, Azali Assoumani a, en outre, souligné les efforts de médiation des conflits sur le continent : «Nous avons essayé d’éteindre les foyers de tension et de contribuer à asseoir durablement la paix dans notre continent, en soutenant les initiatives africaines de règlement des conflits, de stabilisation et de prévention, notamment au Sahel, en République démocratique du Congo, au Soudan, en Libye et ailleurs», a-t-il évoqué. De même, «Nous avons renforcé le rôle du Conseil de paix et de sécurité, tout en appelant à des mécanismes plus robustes et mieux financés pour une paix durable conduite par les Africains».
Médiations en Afrique et ailleurs
Azali Assoumani a mis en avant l’adhésion de l’Afrique au sein du G20 à New Delhi et l’honneur pour un Etat insulaire de porter la voix du continent dans la tentative de médiation du conflit russo-ukrainien. «J’ai porté la voix de l’Afrique, celle de la paix et de la sagesse, par-delà les frontières de notre continent, notamment en Russie et en Ukraine, pour un monde plus apaisé et plus solidaire», a-t-il souligné, remerciant la Commission de l’Union africaine, les équipes techniques, tous les pays amis, «notamment la France, l’Arabie Saoudite et, en particulier, les Emirats arabes unis» et la Fondation Bill & Melinda Gates.
«La présidence comorienne de l’UA a été le mandat de la continuité, du renforcement institutionnel, mais aussi de l’audace», a souligné Azali Assoumani. «Je sais que tout n’a pas été accompli. Mais je sais aussi que nous avons semé les graines qui, je l’espère, porteront demain, les fruits de la transformation», a poursuivi Azali Assoumani. «Fier d’avoir apporté ma pierre à l’édification de cet idéal, je continuerai à agir avec conviction et détermination pour le rayonnement de l’Afrique et de ses peuples», a-t-il conclu dans un livre-bilan de la présidence comorienne de l’Union africaine.