logo Al-Watwan

Le premier journal des Comores

Pédophilie I Des femmes ont manifesté vendredi dernier à Mitsamihuli

Pédophilie I Des femmes ont manifesté vendredi dernier à Mitsamihuli

Société | -

image article une
Les manifestantes ne cessaient d’appeler à l’aide, au respect et à l’application de la loi, à la protection de l’enfant, à l’éradication de l’impunité. «On ne profite pas d’un enfant mais on l’éduque», criaient les mères qui ont participé à cette marche

 

Les mères de la ville de Mitsamihuli ont manifesté le vendredi 2 juin dernier dans les ruelles de cette ville du nord de l’île de Ngazidja. Munies de pancartes et de banderoles aux slogans forts («Mwana Ka liwa, Mwana wu lelwa », signifiant «on n’abuse pas d’un enfant, on l’éduque», ou encore «cessez les abus sexuels sur nos enfants»), elles ont entamé une marche devant la mosquée du vendredi, parcourant tout le chemin depuis le badamier jusqu’à Maludja. Une manifestation qui n’a presque pas été préparée ni communiquée à la préfecture. «C’était une annonce faite dimanche dernier lors d’une discussion pendant un mariage. Nous avons demandé aux femmes de se mobiliser et leur réponse a dépassé nos attentes», a déclaré Soilha Said Mdahoma, ancienne maire de la commune de Mitsamihuli ya Mbwani.

Surpris et déçus

La cheffe d’entreprise s’est dite agréablement surprise par l’enthousiasme suscité par l’organisation d’une telle marche. «Nous avons été surpris par la participation intense et inclusive de la population. Les gens étaient motivés, il y avait quatre générations présentes lors de cette marche, notamment la génération des 70 ans, les femmes âgées de 40 à 50 ans, les jeunes et les moins jeunes. Notre désolation vient du fait que nous n’avons pas vu l’implication de nos pères et de nos maris, bien que nous ayons délibérément commencé notre marche devant la grande mosquée du vendredi pour attirer leur attention. Aucun mot de sympathie de leur part. Notre déception a été grande car nos frères et nos maris ne nous ont ni encouragées ni accompagnées, à l’exception d’un seul «foundi» », a-t-elle précisé.


Soilha Said Mdahoma a ensuite expliqué que rien que la semaine dernière, six enfants ont été agressés sexuellement, et que malgré les plaintes déposées par leurs parents, les responsables ont été relâchés quelques jours plus tard. «Désormais, dès que nous mettrons la main sur l’un des auteurs de ces actes, nous le déshabillerons, lui mettrons du charbon sur le visage et le ferons parcourir toute la ville entouré de colliers de coquillages. Cela ne signifie pas que nous cesserons de nous présenter devant la justice, au contraire, des réparations doivent être effectuées. En plus de la justice, nous organiserons également notre propre sentence», a-t-elle prévenu.


Pour donner suite à cette mobilisation, une feuille de route a été établie, comprenant des actions de sensibilisation qui seront mises en place. Des psychologues travaillant en collaboration avec la cellule d’écoute de l’hôpital de Mitsamiouli sont là pour accompagner les victimes et les manifestantes. Des journées portes ouvertes auront lieu une fois par mois, où elles feront appel à des jeunes intervenants pour discuter des moyens d’éradiquer définitivement ce fléau.Les manifestants ont par ailleurs vivement critiqué les autorités et les personnalités influentes qui encouragent l’impunité face à un réseau pédophile.

Impunité, personnalités…

Lors de leur marche, des pancartes dénonçant l’homosexualité et la pédophilie ont été brandies, tandis que les manifestants exprimaient leur «frustration face à l’enquête judiciaire qui semble stagner», portant sur «un réseau pédophile et homosexuel » présumé au sein de la ville nordiste. Des mères participant à la manifestation ont crié : «On ne profite d’un enfant, on l’éduque ! »Cette manifestation a été un appel incessant à l’aide, au respect des lois, à la protection de l’enfance et à l’éradication de l’impunité. La présidente de l’association Petitzanges des Comores, Hissani M’sahazi Rassoul, a exprimé sa gratitude envers les centaines de personnes qui ont eu le courage de s’indigner contre la pédophilie.

Elle a promis de ne pas abandonner ce mouvement tant que les enfants ne se sentiront pas protégés. «C’est le début d’un travail de longue haleine. Nous ne nous satisferons pas de la réponse du système judiciaire, car nos enfants, nos futures femmes, ne trouveront pas de maris. Les garçonnets sont transformés en femmes. Le système judiciaire de notre pays montre déjà qu’il est dépassé par la situation. Les affaires de ce genre sont traitées avec lenteur. Désormais, nous dénoncerons toute personnalité, quel que soit son statut ou sa position», a-t-elle promis.

Commentaires