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Pénurie de carburant à Mwali I L’économie à bout de souffle, les marchés parallèles en plein essor

Pénurie de carburant à Mwali I L’économie à bout de souffle, les marchés parallèles en plein essor

Société | -   Abdillahi Housni

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À Mwali, la pénurie persistante de carburant dévoile l’incapacité du distributeur public à assurer un approvisionnement stable et sécurisé des produits pétroliers dans l’île.

 

Cela fait près d’un mois que Mwali est confrontée à une grave pénurie de carburants, notamment d’essence et de pétrole lampant. Chaque jour, les automobilistes s’entassent dans les stations-service, espérant faire le plein. Mais bien souvent, ils repartent les mains vides. À la station Yosna Sarl, à Dewa, les jerricans de 20 litres ne manquent jamais. Ils appartiennent à des pêcheurs ou à des revendeurs en détail. Lors de notre passage le vendredi 1er août, la règle de la distribution était qu’une moto ne recevait que deux litres d’essence, tandis que les voitures étaient limitées à une valeur de 5 000 francs comoriens, soit environ six litres. Selon Aboubakre Abdol-Bar, pompiste à la station, le carburant disponible provenait d’une dotation de l’armée. «On n’a pas reçu de livraison.


Ce stock appartenait à l’armée, mais comme la file était trop longue, nous avons décidé d’en vendre un peu pour que nos clients ne repartent pas bredouilles. C’est vraiment difficile à gérer. Chacun vient ici avec ses doléances, mais nos cuves sont à sec», a-t-il confié. À ces difficultés s’ajoute l’état préoccupant du navire Bima, principal ravitailleur de l’île. Selon des sources proches de la société d’hydrocarbures, le bateau navigue avec un seul moteur depuis un moment, l’autre étant hors service. Le moteur encore fonctionnel montre également des signes de faiblesse. «Bima met désormais un temps fou pour faire la traversée entre Ndzuani et Mwali. Il se déplace à moins de 5 nœuds, et seulement si la mer est calme. En cas de houle, la machine chauffe, ce qui n’est pas bon», explique un technicien.


Ce bateau a malgré tout ravitaillé l’île le 28 juillet dernier avec quelques mètres cubes de pétrole et d’essence, mais pas au point de résorber la pénurie. « La quantité livrée à Mwali ne suffira jamais à couvrir les besoins. Il y a plus de 6 000 véhicules arrivés sur l’île ces 15 dernières années. En outre, de grandes sociétés de construction sont présentes, avec des chantiers qui nécessitent beaucoup d’énergie pour faire fonctionner leurs machines. Or, la capacité de stockage est restée la même», confie un agent de la Société comorienne des hydrocarbures, sous couvert d’anonymat.

Un marché noir en expansion

Dans ce contexte, certains prennent le risque de transporter illégalement des carburants depuis Ndzuani à bord de vedettes, espérant les revendre à 1 000 francs le litre d’essence et à 10 000 francs le bidon de 20 litres de pétrole, contre 7 500 francs dans les stations officielles. Ce marché noir est en pleine expansion. Malgré les prix élevés, les clients continuent d’acheter, poussés par la nécessité. Mais cette pratique, illégale et risquée, met en danger la vie des passagers qui empruntent ces petites embarcations. Pour tenter d’endiguer cette spéculation, une réunion s’est tenue récemment au gouvernorat entre le directeur régional des hydrocarbures et la directrice du contrôle des prix de Mwali.

Le responsable régional a rappelé qu’il est strictement interdit à quiconque d’organiser un ravitaillement maritime sans autorisation préalable des autorités compétentes. «En cas de pénurie, il est formellement interdit de vendre les produits à des prix abusifs. Tout contrevenant s’expose à des sanctions sévères : arrestation, amendes lourdes et poursuites judiciaires conformément aux lois en vigueur», apprend-on.

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